« Depuis deux mois, autour de Bozoum, une entreprise chinoise a ouvert au moins 17 chantiers en vue de la recherche de filons d’or. Ils entrainent la déviation du fleuve Ouham et des engins de chantier explorent le fond de son lit » écrit sur son blog le Père Aurelio Gazzera, missionnaire carmélite. Bozoum se trouve dans l’ouest de la République centrafricaine.
« Il est impressionnant de voir la catastrophe créée : des montagnes de gravier, des trous pleins d’eau, le cours du fleuve endommagé, l’eau polluée – avec un probable usage de mercure pour faciliter la découverte de l’or. « Entre machines et carburant, j’ai calculé une dépense quotidienne de 30.000 € au moins et combien doivent-ils gagner pour accepter de dépenser autant ? » se demande le missionnaire qui a envoyé à l’Agence Fides d’ultérieurs approfondissements.
« Nous avions été surpris par la présence du Premier Ministre Sarandji à Bozoum début décembre puis, à la fin de janvier. En trois ans, il n’était jamais venu, évitant même la zone, considérée comme peu favorable à l’actuel Président. La raison de sa venue en janvier a été l’inauguration de l’édifice de la brigade des mines, réhabilité par la compagnie chinoise qui a ouvert les sites de recherche de l’or.
Nous nous étions déjà posé quelques questions en voyant arriver une douzaine d’engins et un flux constant de gros camions citernes de 30.000 litres de capacité chacun. Nom de l’entreprise : inconnu ! Ils sont arrivés avec des ouvriers de Gallo – à 50 km de Bouar sur l’axe Bouar-Baboua – où beaucoup avaient déjà travaillé avant de venir à Bozoum. Dans cette zone, le nombre des sites exploités était plus important que les autorisations concédées. Au plan écologique, une partie de la forêt a été dévastée, les sites ont été laissés à l’état brut, avec des trous et des montagnes de terre passées au tamis selon des témoins locaux et le témoignage d’un chef des gardes forestiers de Bouar.
Les autorités font semblant de ne rien savoir et l’or part en direction du Cameroun chaque semaine. A la frontière il n’y a étrangement aucun contrôle et rien ne rentre dans les caisses de l’Etat alors même que ce dernier devrait avoir à cœur le bien commun et non pas les intérêts de ceux qui sont au pouvoir » conclut le Père Gazzera. (L.M.) (Agence Fides 10/04/2019)