Que signifie pour vous “être envoyée en mission” ?
Depuis mon plus jeune âge, je désirais participer à la Mission que Jésus a laissé à ses disciples, qui est de “partir et annoncer le Royaume de Dieu aux nations”. Pour moi, la mission était comme un privilège que Notre Seigneur Jésus Christ pouvait accorder à tout le monde, celui d’être ses collaborateurs. Ce désir a grandi en moi en profondeur et en intensité les années passant. Je ressentais souvent de la sympathie pour les gens qui ne connaissaient pas Jésus-Christ et son Église. J’ai souvent prié pour le salut du monde, la réussite de l’activité missionnaire de l’Église dans mon propre pays, les Philippines, et à l’étranger.
Mon admission à la Congrégation des catéchistes missionnaires de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a augmenté et renforcé mon désir d’être catéchiste, non seulement dans mon propre pays, mais aussi de partir en mission par-delà les mers.
Ainsi, pour moi, être envoyée en mission est un privilège très important de la part de Dieu car il me permet de participer à l’activité missionnaire selon le projet et la volonté de Jésus-Christ pour son Église.
Qu’est-ce qui vous a fait quitter les Philippines pour être envoyée à Vanimo ?
Lors d’une retraite que j’ai suivie en 2005 avec ma congrégation, l’archevêque de Jaro (Iloilo, Philippines) nous a lancé un défi : il nous a invité à sortir de notre zone de confort et à aller vers une mission où nous pourrions expérimenter une vie différente de service à l’Église. Ce défi m’a touchée droit au cœur et a redonné force à mon désir de partir en mission.
Plus tard, la Supérieure Générale a cherché à envoyer des Sœurs en mission à Vanimo mais personne ne s’est portée volontaire. Ce désir de répondre “oui” à cet appel allait être exaucé : un jour, j’ai entendu que l’une de mes camarades de vie religieuse s’était lancée dans l’aventure ! J’ai, à mon tour, décidé de la rejoindre.
Encouragée par l’exemple de quelques Sœurs parties là-bas et après un temps de prière, j’ai décidé de relever le défi. Déjà, il me fallait surmonter quelques peurs liées à des histoires effrayantes que l’on pouvait entendre aux Philippines sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
J’ai alors fait une neuvaine à l’Esprit-Saint afin d’obtenir conseil et éclairage. Le deuxième jour de la neuvaine, après le dîner, j’ai ouvert la télévision et mis Eternal Word Television Network (Note : EWTN est une chaîne catholique américaine). A ce moment même était diffusée une interview de Monseigneur Francesco Panfilo, archevêque émérite de Rabaul (en PNG), à propos de sa vie de missionnaire en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les réponses de l’Archevêque et ses explications résonnaient en moi comme si elles étaient un signe clair que je pouvais, moi aussi, quitter mon propre pays pour partir en mission à Vanimo sans aucune crainte.
Je suis retombée une deuxième fois sur cette interview pendant ma neuvaine. J’ai senti comme une confirmation que Dieu m’appelait à partir en mission à Vanimo. Cet appel a été confirmé par la volonté de ma supérieure générale à m’envoyer en mission en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Avez-vous au quelques peurs ou appréhensions avant d’arriver ?
Ma principale peur était due à mon ignorance des situations nouvelles que je pourrais rencontrer dans ce pays, particulièrement les aspects culturels, la religiosité de la population, les nombreux langages et dialectes, etc… Parfois, je commençais à douter de ma capacité à évangéliser. Je redoutais également les serpents et la malaria ! Cependant, j’ai surmonté ces obstacles en renouvelant ma confiance dans le Seigneur.
Est-ce que les événements et les rencontres vous ont confirmés que vous étiez là où Dieu le voulait ?
Quand je suis arrivée à Vanimo, j’ai remarqué qu’une des employées de l’accueil des pèlerins n’assistait plus à la messe, même si elle avait lieu dans l’enceinte de l’Accueil. Petit à petit, j’ai sympathisé avec elle jusqu’à ce qu’un jour, au détour d’un conversation sur l’importance de la messe, je lui demande si elle avait un problème qui lui empêchait de recevoir l’Eucharistie.
Plus tard, elle a commencé à aller se confesser et recevoir la communion. Aujourd’hui, pas un jour ne passe sans qu’elle aille à la messe ! Parallèlement, j’ai commencé à faire le catéchisme à ses enfants à qui j’ai appris les prières de base et maintenant ils animent eux-mêmes le chapelet et prient les complies avec nous.
Non seulement ses enfants, mais aussi les enfants des autres membres du personnel du bureau diocésain ont suivi une catéchèse de base qui les aide peu à peu à faire résonner Dieu dans leur vie. Pour moi, des rencontres aussi simples confirment que Dieu a voulu que je sois là où je suis maintenant.
Qu’avez-vous appris sur la Mission depuis votre arrivée ?
Depuis que je suis arrivée à Vanimo, j’ai appris beaucoup de choses sur la Mission en elle-même. Premièrement, pour que la Mission porte du fruit, un missionnaire doit être une oreille attentive et un compagnon toujours au service. Un missionnaire ne doit jamais imposer ses idées ou des changements sans expliquer clairement les choses.
Deuxièmement, il y a un grand besoin d’être patient et de donner aux gens le temps de se réformer et de s’améliorer. La patience est une vertu importante pour quelqu’un qui sert en tant que missionnaire.
Troisièmement, j’ai appris que pour que la Mission soit une réussite, il est nécessaire de mettre son énergie dans la préparation des futurs missionnaires, issus des communautés en cours d’évangélisation, spécialement parmi les enfants, adolescents et jeunes adultes. Une fois que ces personnes sont formées à l’évangélisation, ce sont eux qui sont les mieux à même de faire la différence dans leurs villages et quartiers. Dans ce contexte, j’ai appris que l’Œuvre de l’Enfance Missionnaire est d’une importance primordiale. De plus, la Mission d’évangélisation va de pair avec le développement d’autres compétences comme la lecture, l’écriture, les sports, la cuisine, etc. Cela peut être coûteux à mettre en œuvre, mais vaut tout de même la peine.
Comment la Parole de Dieu vous inspire au quotidien ?
La Parole de Dieu est le fondement de ma vie missionnaire. Elle me soutient dans chaque situation difficile que je rencontre au quotidien. Par exemple, dans les rencontres que nous faisons tous les jours, il n’est pas toujours facile d’échanger avec ces personnes, dont les chemins de vie très différents des nôtres, spécialement en tant qu’expatriées. Parfois, notre patience est mise à rude épreuve, mais quand je pense à la parabole du figuier stérile (Lc. 13 : 6-8), à la façon dont le vigneron plaide en faveur de cet arbre sans fruit pour l’épargner de la coupe, cela me donne la force de supporter les contrariétés et les manières mesquines des gens, ainsi que de leur donner le temps de progresser.
Que souhaiteriez-vous dire de plus aux Enfants Missionnaires et à tout ceux qui nous soutiennent ?
Je prie et j’espère qu’un jour les enfants dont je m’occupe deviendront à leur tour missionnaires, comme doit l’être tout baptisé, et des défenseurs fidèles de la foi catholique dans leurs villages et communautés. J’espère aussi qu’ils comprennent durablement le sens du partage.
Je sais qu’il est difficile de partir de zéro, mais il est nécessaire d’éduquer ces enfants papous à la générosité, afin qu’ils aident aussi d’autres enfants dans d’autres parties du monde. Je pense qu’il est important de donner régulièrement, même s’il s’agit de toutes petites sommes. Le plus important est de développer en soi l’habitude du partage financier pour la Mission de l’Église. Bien que cette éducation des enfants au partage exige de moi un travail de longue haleine, je suis certaine que la grâce de Dieu soutiendra dans leur chemin de vie.
Je remercie Dieu de la bonne santé dont il me fait grâce, et qui me permet de continuer ma mission ici à Vanimo.