17 Déc 2020

Histoire d'une naissance au Sénégal

En attendant de partager avec vous d’autres moment forts de la Mission, voici une jolie histoire que partage le Père Bartolotta pour raconter Noël autrement…

Les coïncidences de la vie

20h le 5 décembre 1995 à Nguéniène : C’est étrange, le téléphone sonne ! Je décroche, c’est ma mère qui, à la veille de mon anniversaire, m’adresse ses souhaits.

22h15 : C’était presque la pleine lune pendant que je me promenais dans la cour en pensant à mes années déjà vécues, aux gens rencontrés, à ceux qui se souviennent de moi, en cette circonstance.  Je marchais au clair de lune, si beau en Afrique qu’il fait clair comme en plein jour, et entre mes allées et venues, je récitais le chapelet, en remerciant Dieu et mes parents pour le don de la vie reçue. Je me sentais proche de mes parents : combien de sacrifices ont-ils faits
pour moi ? Je leur dois beaucoup, encore plus maintenant que je suis loin d’eux.

Tout à coup, j’entends une voix qui m’appelle ; je m’approche du portail : il y a deux femmes qui demandent de l’aide. Une de leurs amies se trouve au dispensaire et n’arrive pas à accoucher, il faut donc l’accompagner à l’hôpital de Joal. Arrivés au dispensaire, la femme s’allonge dans la voiture – une Citroën 15 – les deux autres cherchent à l’encourager.

23h : On part ! Sur la piste j’essaye d’éviter les nombreux trous ; la femme gémit et crie de douleur, moi, je ne sais pas si je dois accélérer ou ralentir. Les femmes consolent la parturiente, moi, par contre je pensais : « Si le bébé ne naît pas à la maternité, il naîtra dans la voiture. »

23h40 : Nous voici à Joal. La sage-femme et l’infirmière l’accompagnent dans la salle d’accouchement. Après 20 minutes interminables, aucun signe de vie ; l’infirmière allait et venait, toujours pressée, sans jamais dire un mot. Peut-être y avait-il quelques problèmes. Les yeux des deux accompagnatrices étaient dans le vague. Je reprends les allées et venues dans la cour de la maternité, en demandant son aide à Marie, Mère de l’humanité.

00h20 : Une toute petite fille vient au monde : la sérénité revient. C’est étrange ! Sont déjà passées 20 minutes interminables du 6 décembre ! …Et c’est le jour anniversaire de ma naissance. Coïncidence de la vie ! En 1964, mes parents me donnaient le jour. En 1995, je me retrouve à accompagner une femme qui met au monde une petite fille. Je ne pouvais pas ne pas penser à mes parents en cette étrange mais belle coïncidence.

00h45 : La sage-femme ramène la maman et nous demande d’aller chercher quelque chose à manger parce qu’elle est très faible. Je pars avec une des femmes, mais où aller à cette heure-ci ? Tout est fermé, nous ne sommes pas dans une métropole ! Il y a seulement une petite baraque-boutique qui est en train de fermer. Heureusement, dans son bazar il y avait un petit fourneau à gaz. Nous faisons chauffer de l’eau, avec un peu de Nescafé et du lait en poudre et… le petit déjeuner est prêt ! Un morceau de pain et deux bananes et nous voici de nouveau à la maternité. Je dis à la maman que moi aussi je suis né un 6 décembre, comme son bébé. La maman est très contente. La sage-femme ensuite nous accompagne voir le nouveau-né ; le médecin était en train de finir sa visite à la petite fille.

01h15 : La sage-femme nous présente le charmant bébé qui pèse à peine 2 kg 600. Mon doigt semble énorme à côté de sa toute petite main. J’ai envie de pleurer de joie pour cette coïncidence qui me rappelle l’importance de la vie, juste le jour de mon anniversaire et de sa naissance. Ensemble nous portons la petite à la  maman qui l’accueille dans ses bras. La maman, en me regardant, me demande, en langue seereer : « Nam ya’of a ne’e ? » (Comment s’appelle ta maman ?) Je lui réponds : « Rosaria. » Elle me tend sa main, et après l’avoir serrée, me dit : « O p’iy onqe mi xan a ne’el Rosaria. » (Ma fille s’appellera Rosaria). Ces paroles m’ont touché le cœur, mais je ne savais que dire, tellement j’étais content, voire
même heureux. Puis l’infirmière nous dit qu’une seule femme doit rester pour tenir compagnie à la maman et au nouveau-né, et que l’autre peut rentrer avec moi. J’accompagne l’autre femme chez elle. Elle ne faisait que me remercier. Arrivé chez moi, avant de dormir, je priai le Seigneur :

« Merci du don de la vie que tu m’as donnée ;

merci pour la vie de la petite Rosaria ;

merci pour les coïncidences de la vie,

qui nous font comprendre la richesse de cette vie. »

 

02h45 : Maintenant je peux commencer à dormir. La vie est un don reçu, à partager à tout moment.

p. Alfonso Bartolotta omi

 

JOYEUX NOEL A TOUS !

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