Pourtant nous avons bien du mal, comme la foule au temps de Jésus et comme les disciples eux-mêmes à le reconnaître, car cet homme en nous rappelant notre fragilité humaine, nous interpelle au-delà de la question de son handicap et nous faire entrer dans l’infini besoin que nous avons de la miséricorde de Dieu. Cette question nous la posons à nos frères des autres continents et nous connaissons la réponse ! Nos frères ont besoin de notre prière, de outre aide qui exprime notre solidarité pour des Églises sœurs.
Bartimée, le gêneur sur le bord de la route
Dépendant de la charité publique, incapable de se déplacer seul, Bartimée est le gêneur. Trop souvent aujourd’hui encore nous sommes confrontés à ce regard dévalorisant sur les personnes malades, âgées, handicapées. Ils ne sont bons à rien à part crier pour en appeler à la miséricorde de Dieu. Pourtant Bartimée porte un trésor en lui. Bartimée est capable, loin des débats savants sur la question de la personne de Jésus de le proclamer Fils de David c’est-à-dire de reconnaitre en lui l’hériter de la promesse (2 Samuel 7,1-16). Quel est le plus grand des handicaps, celui de ne pas voir, de ne pas marcher…ou celui d’être incapable de s’ouvrir à l’Espérance, à la confiance dans la miséricorde et l’amour infini de Dieu ?
Puissions nous, à la suite de la foule qui empêchait Bartimée d’approcher le Seigneur, nous convertir et devenir les facilitateurs de la grâce auprès de ceux qui sont sur le bord du chemin, qui sont sans voix, qui sont rejetés.
Que veux-tu que je fasse pour toi ?
On aurait envie de dire à Jésus, évidemment me rendre la vue ! Mais comme Jésus apprend à ses disciples et à la foule qu’il faut entendre le cri des pauvres, il veut entendre la parole de celui qui jusqu’à présent devait se contenter de crier. C’est à une personne capable d’une parole que Jésus s’adresse à une époque où le handicap physique rendait la personne incapable. Et ce cœur à cœur permet à l’homme une seconde confession de sa foi « Rabbouni » dit-il à Jésus, c’est-à-dire « maître » « rabbi », le grand prêtre dont parle l’apôtre Paul. Lui l’aveugle a compris qui est Jésus, Fils de David, maître des maîtres, riche en miséricorde. Et voici que l’homme exclu, rejeté, inaudible rejoint la société des vivants. Lui rendant la vue, Jésus le réinsère le monde. Alors bien sûr nous sommes rarement témoins de guérisons miraculeuses. En revanche Dieu est bien à l’œuvre dans la vie du malade, de l’infirme, comme dans celle du soignant, de l’accompagnateur, de l’hospitalier. Plus, il est à l’œuvre dans la relation unique, à chaque fois différente, d’amour, de respect et de confiance qui se tisse entre eux. Ce respect, cette confiance, cet amour sont les prémisses du Royaume.
Alors sachons aujourd’hui accueillir tous les « Bartimée » de nos vies, les pauvres, les mendiants, les malades. Sachons ne pas les enfermer trop rapidement dans le silence. Sachons être disponibles pour voir en eux les trésors qu’ils nous offrent, trésor de patience, de foi, d’espérance. En ce dimanche des missions, sachons partager avec nos frères sur les bords du chemin, sur tous les continents.
Messe pour l’hospitalité à Clermont – Dimanche des missions, 24 octobre 2021, 30e dimanche TO
Jr 31, 7-9; Ps : 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6; He 5, 1-6; Mc 10, 46b-52