Rencontre annuelle des Directeurs Nationaux des OPM Europe à Budapest
Du 5 au 9 février en Hongrie, les Directeurs nationaux des OPM des différents pays d’Europe se sont réunis pour échanger sur le thème « Les frontières de l’homme ne sont pas celles de Dieu ».
La rencontre a été introduite le 6 février par Mgr Michael W. Banach, Nonce apostolique en Hongrie, et Mgr András VERES, Président de la Conférence épiscopale en Hongrie.
Auparavant nonce apostolique au Sénégal, Mgr Banach a témoigné de son expérience là-bas et invite à retenir ceci :
Les petites actions missionnaires de terrain ne font pas de bruit mais beaucoup de bien. Elles participent à l’annonce.
Mgr Veres a développé son intervention sur le cœur profondément chrétien de l’Europe, malheureusement écrasé par des idéologies antichrétiennes.
Notre ancien Premier ministre, József Antall, avait dit avec justesse : « en Europe, même les athées sont chrétiens ». Il voulait dire que cette foi, la connaissance religieuse, ne peut être effacée de l’esprit des gens, parce qu’elle est profondément enracinée dans notre culture, nos lois et notre savoir commun.
Il adresse le message suivant aux chrétiens européens :
La culture européenne vit à une époque « d’apostasie silencieuse. […] Dans une telle situation […] notre objectif est d’amener les gens à Jésus, de tourner leur attention vers Dieu et de les aider à connaître le seul vrai Dieu. Et nous voulons renforcer l’esprit missionnaire chez les fidèles, afin que l’Église puisse accomplir sa mission divine dans notre pays.
Lire l’intégralité de l’intervention de Mgr Veres.
Monseigneur Kiss-Rigó László, évêque de Szeged (Hongrie), témoigne du passé totalitaire en Hongrie :
Du temps du communisme, la foi était un sujet « privé » donc on ne témoignait pas en public. Cet état d’esprit est resté et les catholiques ont du mal à constituer des communautés et à partager, ce qui freine l’annonce.
Une leçon utile pour les démocraties occidentales.
Rendez-vous sous les photos pour lire la suite.
La matinée du 7 janvier était animée par le Père Ted Nowak, secrétaire général de l’œuvre de la Propagation de la Foi sur le thème suivant : De nouvelles façons de célébrer le dimanche missionnaire mondial en réponse à une nouvelle compréhension de la Mission.
L’impact de la synodalité sur le renouvellement des OPM
Intervention du Père Anh Nhue Nguyen
Jeudi 8 janvier, le Père Anh Nhue Nguyen, secrétaire général de l’Union Pontificale Missionnaire, a développé l’impact de la synodalité sur le renouvellement des OPM. Le Père Anh Nhue a tout d’abord rappelé les racines du mot synode.
1 Le Kairos de la synodalité
Synode » est un mot ancien et vénérable dans la Tradition de l’Église […] Composé de la préposition grecque « συν » (avec) et du nom « όδός » (chemin), il indique le chemin sur lequel marche ensemble le Peuple de Dieu. Il fait également référence au Seigneur Jésus, qui se présente comme « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6), et au fait que les chrétiens, ses disciples, étaient à l’origine appelés « disciples du Chemin ». » (cf. Actes 9,2 ; 19,9.23 ; 22,4 ; 24,14.22).[…] Saint Jean Chrysostome, par exemple, écrit que l’Église est un « nom signifiant « marcher ensemble » (σύνοδος) ».
Depuis les premiers siècles, le mot « synode » a été appliqué, avec une signification spécifique, aux assemblées ecclésiales convoquées à différents niveaux (diocésain, provincial, régional, patriarcal ou universel) pour discerner, à la lumière de la Parole de Dieu et à l’écoute de l’Esprit Saint, les questions doctrinales, liturgiques, canoniques et pastorales qui se posent au fil du temps. […]
Dans la littérature théologique, canonique et pastorale des dernières décennies est apparu un néologisme, le nom « synodalité », corrélat de l’adjectif « synodal », tous deux dérivés du mot « synode ». Ainsi, on parle de la synodalité comme d’une « dimension constitutive » de l’Église ou de « l’Église synodale ». Cette nouveauté linguistique, qui nécessite une clarification théologique minutieuse, est le signe de quelque chose de nouveau qui a mûri dans la conscience ecclésiale à partir du Magistère de Vatican II et de l’expérience vécue des Églises locales et de l’Église universelle depuis le dernier Concile jusqu’à aujourd’hui.[…]
Bien que la synodalité ne soit pas explicitement trouvée comme terme ou comme concept dans l’enseignement de Vatican II, il est juste de dire que la synodalité est au cœur du travail de renouveau que le Concile encourageait. L’ecclésiologie du Peuple de Dieu souligne la dignité et la mission communes de tous les baptisés, dans l’exercice de la variété et de la richesse ordonnée de leurs charismes, de leurs vocations et de leurs ministères. Dans ce contexte, le concept de communion exprime la substance profonde du mystère et de la mission de l’Église, dont la source et le sommet est la synaxe eucharistique[11]. […]
La synodalité est le modus vivendi et operandi spécifique de l’Église, Peuple de Dieu, qui révèle et donne corps à son être de communion lorsque tous ses membres cheminent ensemble, se réunissent en assemblée et participent activement à sa mission d’évangélisation.
2 La Synodalité et les OPM à travers les récents messages du Pape François pour le dimanche des missions et l’Assemblée générale des OPM
Le Pape « utilise » ses messages pour la SMM pour rappeler et clarifier les questions urgentes et « brûlantes » de son enseignement actuel. Ceci est particulièrement visible depuis 2022 et en référence au thème du véritable chemin synodal et de la synodalité dans la pratique de l’Église :
- 2022 : « Vous serez mes témoins » : la mission s’accomplit ensemble, non individuellement, en communion avec la communauté ecclésiale, et non de sa propre initiative
- 2023 : « Cœur brûlant, pieds en marche » une démarche de recherche de chemin et, comme les disciples d’Emmaüs, d’écoute du Seigneur ressuscité
- 2024 : « Allez et invitez tout le monde à la noce » La mission pour tous nécessite l’engagement de tous
Le plus grand rêve est celui d’une coopération missionnaire toujours plus étroite et coordonnée entre tous les membres de l’Église. Dans cette entreprise, vous avez un rôle important, comme l’indique le Bienheureux Paolo Manna : «L’Église entière pour le monde entier.»
Ne cessons pas de rêver à « une nouvelle ère d’activité missionnaire parmi les communautés chrétiennes » (Message pour la Journée missionnaire mondiale 2022, 3). S’il vous plaît, gardons ce rêve vivant !
3. Pistes de réflexion
Trois questions à se poser
1) Avez-vous l’art d’écouter les autres et la voix de Dieu ?
2) Etes-vous toujours prêt à reconsidérer votre propre « conviction », « façon de faire », afin de l’adapter aux nouvelles situations ?
3) Votre Direction nationale est-elle missionnaire et synodale ?
Trois mesures concrètes possibles
Dans ce même horizon synodal, il est possible de comprendre la tâche qui nous attend dans le renouvellement du rôle et de l’engagement des OPM dans l’œuvre globale du Dicastère pour l’Évangélisation : le chemin missionnaire synodal qui commence chez nous « à la maison ». Ce chemin sera fructueux si nous savons impliquer correctement tous les niveaux : institutions centrales, coordination continentale, directions nationales et diocésaines. Certaines étapes concrètes dans cette direction pourraient être représentées, par exemple :
- a. Impliquer les différents niveaux dans le renouvellement des statuts
- b. L’organisation, selon les groupes linguistiques, des différents événements d’animation/formation missionnaire, notamment dans les pays « froids » à la foi, en collaboration avec les évêques locaux dans la mission de (ré)évangélisation dans leurs diocèses (en utilisant les initiatives et services du Secrétariat de l’Union Pontificale Missionnaire)
- c. L’implantation ou le développement des OPM dans les pays européens où elles n’existent pas ou à leurs premiers stades.