18 Oct 2020

Aventuriers missionnaires jour 7 : Mgr de Marion-Brésillac et la lutte des castes

Influencée par l’hindouisme, la société indienne a été organisée en castes. « Au plus haut, les Brahmanes ou prêtres, au-dessous d’eux les Kshatriyas ou guerriers, puis les Vaishyas, […] enfin les Shudras, des serviteurs ou gens de peu. […] Il faudrait ajouter comme cinquième catégorie les Intouchables, qui sont laissés en dehors. »[1] 

Saviez-vous qu’au XIXe siècle, Melchior de Marion-Brésillac fut le héraut catholique de la lutte des castes ?

En arrivant à Pondichéry, il s’initie à la culture indienne et apprend la langue tamoule pour connaître ceux à qui il doit annoncer le Christ. C’est là qu’il découvre l’existence des castes indiennes et leur influence considérable sur les relations au sein du peuple. Profondément marqué par ces scissions qui divisent même les chrétiens, le jeune missionnaire est convaincu que l’Évangile pourra bouleverser cette rigidité culturelle et sociale.

Avant de partir, ce jeune prêtre des MEP avait pris quatre engagements :

  • Être un missionnaire avec tout son cœur
  • Ne négliger aucun détail de son service pour Dieu
  • Saisir toutes les opportunités pour prêcher la parole de Dieu
  • Encourager la formation d’un clergé local

Sa conviction de la nécessité de former un clergé local est renforcée par ses nombreuses visites dans les communautés chrétiennes. Il entre alors en lutte contre le système des castes et se fait défenseur de l’unité. Don de Dieu qui fait du peuple chrétien une image de la communion trinitaire. L’évêque lui confie alors la responsabilité d’un séminaire. Melchior de Marion-Brésillac souhaite que les Indiens des différentes castes soient traités de manière égale, que tous reçoivent une formation identique en vue du sacerdoce.

Ecouter la version audio >>

Melchior de Marion-Brésillac est ordonné évêque en octobre 1846, à 33 ans seulement. Sa devise devient Lumen rectis, « Lumière pour les cœurs droits » (Ps 112). Il poursuit son activité missionnaire dans la région de Coimbatour. Reconnu pour ses talents de prédicateur, il enseigne aux missionnaires envoyés en Inde :

Que cherchez-vous ? Des honneurs ? Ne venez pas ici ! Les joies du ministère ? Ne venez pas ici ! De l’amitié, de la reconnaissance, des consolations ? Ne venez pas ici ! Mais si vous cherchez Jésus, Jésus seul, Jésus pauvre, Jésus humble et humilié, Jésus crucifié, ah ! Venez donc ! Empressez-vous de courir après Lui ! Venez !

 

Retraite missionnaire, Inde 1849

L’inculturation de l’Évangile dans la culture est lente et laborieuse. Une querelle autour des rites vient compliquer les relations de Monseigneur Marion-Brésillac avec ses responsables. Son ambition de constituer un clergé local témoigne de son tempérament réformateur et précurseur. Cependant c’est un échec…Il réalise que ses frères missionnaires ne partagent pas son engouement pour la formation d’un clergé autochtone. De plus, il prend conscience que le système des castes est très profondément incrusté dans le cœur des Indiens, même chez les convertis. Seuls les prêtres issus des hautes castes seront acceptés et écoutés comme le sont les Brahmanes. Alors que des prêtres tamouls seront toujours perçus comme des parias… Face à tant d’adversité, Monseigneur Marion-Brésillac se sent incapable d’accomplir la mission qu’il a reçue. Il démissionne en 1853.

A travers ces maux et épreuves, sa foi et son élan sont renforcés. De retour en Europe, à Rome puis en France, il cherche une voie pour répondre à nouveau à sa vocation missionnaire. Âgé de 41 ans, il est plein d’énergie et de zèle malgré les échecs indiens. Il demande à partir au Dahomey, l’actuel Bénin, où aucun missionnaire n’est à l’œuvre. Mais Rome lui intime de recruter des missionnaires pour l’accompagner au Sierra Leone. Obéissant, Melchior de Marion-Brésillac reprend la route et parcourt la France pour trouver des candidats qui acceptent de se consacrer « aux peuples les plus abandonnés de l’Afrique ».

Le 8 décembre 1856, ils sont sept à s’engager à Lyon, sous le patronage de Notre Dame de Fourvière. Ils fondent la Société des Missions Africaines (SMA). Un an plus tard, ils quittent Lorient pour Freetown en Sierra Leone. Hélas, une épidémie de fièvre jaune accueille les missionnaires et emporte en deux mois à peine, Mgr Melchior de Marion-Brésillac et cinq des ses compagnons…

L’aventure de ce fougueux missionnaire est marquée par les vexations, les échecs et une mort prématurée. Cependant, les fruits de sa mission sont nombreux et nous inspirent pour aujourd’hui.

Confiance, d’un échec le Seigneur peut tirer un trésor ! La démission d’un évêque a permis la fondation d’une société missionnaire aujourd’hui prolifique.

La patience est vitale dans toute entreprise missionnaire. Le temps de Dieu n’est pas le nôtre et l’Évangile peut mettre des années ou des siècles pour pénétrer et purifier en profondeur les cultures qu’il rencontre. Observons-nous : l’Esprit Saint ne met-il pas une vie entière pour changer nos cœurs ? 


[1] Louis Dumont, Homo hierarchicus. Le système des castes et ses implications, Paris, Gallimard, 1966
 

MÉDITEZ avec 6 autres grands aventuriers de Dieu qui ont porté l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre!

Ça pourrait vous intéresser

Inscrivez-vous
à la newsletter

Tous les mois, le meilleur de la Mission dans votre boîte mail !

Pour être informé des actualités, laissez-nous votre adresse email via le formulaire ci-dessous.

Veuillez activer JavaScript dans votre navigateur pour remplir ce formulaire.

Suivez-nous
sur les réseaux sociaux