Ce matin dans « Sacrée Mission« , la chronique hebdomadaire des OPM sur RCF, Romaric Bexon nous parlait de la douloureuse situation en Haïti.
Le 19 janvier, huit personnes dont six religieuses appartenant à la Congrégation des Sœurs de Sainte-Anne (congrégation de droit pontifical d’origine canadienne) ont été enlevées en plein centre de Port-au-Prince, la capitale du pays, par un des 300 gangs qui contrôlent la ville. Un groupe d’hommes armés a bloqué le minibus à bord duquel elles se trouvaient, avenue du Chili, et ont pris en otage les passagers – les six religieuses, une jeune femme qui les accompagnait et le chauffeur – avant de disparaître dans une ruelle. A ce jour, on est sans nouvelles des otages.
Les tragédies semblent se succéder dans une cadence infernale en Haïti, que l’on a pu appeler naïvement « la perle des Antilles ». On se souvient de la dictature des Duvalier, du séisme de 2010, un des plus meurtriers et destructeurs de l’histoire, de l’épidémie de choléra, de l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021… Cette nation de 10 millions d’âmes vit au gré des catastrophes, et subit une insécurité grandissante dans un climat d’anarchie.
Ulrika Richardson, du bureau des Nations Unies de Port-au-Prince, l’a affirmé à Genève lors d’une conférence de presse le 8 décembre :
[En 2023] Plus de 8.000 personnes ont été tuées, blessées ou enlevées, dépassant de loin le nombre de victimes de toute l’année 2022. Les capacités de l’Etat étant limitées, ces victimes ne peuvent pas compter sur la justice haïtienne qui est très « affaiblie », ce qui signifie que la plupart de ces crimes restent impunis. »
Madame Richardson ajoute que « chaque jour, les Haïtiens font face aux risques d’être tués, kidnappés, ou violés. Quand ils traversent la rue, ils ont la peur de leur vie. » Cette violence touche particulièrement les femmes et les enfants.
A cela s’ajoute le désastre écologique provoqué par la déforestation et ses conséquences dramatiques : glissements de terrain, chute des rendements agricoles, apparition de zones arides, recul des terres sur la mer.
En communion avec l’Eglise d’Haïti
Dans ce contexte douloureux, l’Eglise nous appelle à la prière.
«Qu’ils arrêtent de bafouer la dignité inaliénable des enfants de Dieu!» C’est un cri du cœur qu’ont lancé lundi Mgr Max Leroys Mesidor, archevêque de Port-au-Prince et président de la conférence des évêques haïtiens, et le père Morachel Bonhomme, président de la conférence haïtienne des religieux. Mgr Mesidor a appelé solennellement les dirigeants d’Haïti à prendre leurs responsabilités, mais surtout a invité l’ensemble des chrétiens Haïtiens à s’unir, ce mercredi 24 janvier, dans une grande chaîne de prière incessante pour la libération des 6 religieuses et des deux autres captifs. (source : Vatican News).
Dimanche 21 janvier, le pape François avait lui aussi appelé à la prière et à la libération des huit otages. Il a imploré de tout cœur leur libération, et appelé « tout le monde à mettre fin à la violence », cause de tant de souffrance pour les Haïtiens.
En tant que chrétiens, nous sommes solidaires de nos frères et sœurs d’Haïti dans la prière. Alors que les institutions publiques locales sont très affaiblies, l’Eglise catholique en Haïti est un repère pour les plus pauvres. Elle est également une des rares institutions à œuvrer de manière permanente auprès des Haïtiens dans les domaines comme la santé ou de l’Education, à travers l’Œuvre de l’Enfance missionnaire. Tout cela ne se fait pas sans la prière et la générosité de nombreux fidèles à travers le monde.
Aujourd’hui, particulièrement, l’Eglise haïtienne a besoin de la prière de chacun, en attendant la libération des otages.
Le père Benjamin Osio, Spiritain français à Port-au-Prince, a partagé à Romaric Bexon, de l’équipe des OPM France, cette phrase de l’apôtre Paul :
Les temps sont durs, mais nous devons tenir bon. L’espérance ne déçoit pas.
Ecouter le podcast de l’émission « Sacrée mission »
Lire l’article de Fides sur l’enlèvement des religieuses
Lire l’article de Vatican News sur la journée de prière du 24 janvier