9 Avr 2021

Dans les pas de Pauline : l'incessante conversion de sœur Fanny

« De mes parents, par leur vie plus que par les mots, j’ai appris avant tout que “Dieu est Amour”. »

Je suis née à Bamako, dans une famille aimante et ancrée dans la foi. Nous sommes retournés en France lorsque j’avais un peu plus de deux ans. Je ne peux m’empêcher de me dire que ces premières années en terre malienne ne sont pas anodines dans mon parcours. De mes parents, par leur vie plus que par les mots, j’ai appris avant tout que « Dieu est Amour ». Cette conviction intime a accompagné toute ma croissance, m’invitant à une incessante conversion, me poussant vers de larges horizons, dans le désir de transmettre cette Bonne Nouvelle.

J’ai grandi spirituellement avec la communauté du Chemin Neuf, et ce que j’ai vécu avec elle pendant ma jeunesse a été précieux, autant au niveau spirituel qu’humain. J’y ai notamment rencontré des frères et sœurs de multiples pays, ce qui me fascinait toujours. Cela m’a aussi aidé à affermir ma foi en un Dieu d’Amour qui a un cœur sans frontière et qui désire l’unité entre les Hommes.

 

L’appel missionnaire à Kinshasa : « Tu as reçu gratuitement, donne gratuitement » (Matthieu 10, 8)

Ma vocation religieuse et missionnaire est née à Kinshasa, lorsque j’avais 21 ans. Je venais de terminer une licence qui ne me convenait pas, et je me cherchais. J’ai répondu à un appel profond qui me disait : « Tu as reçu gratuitement, donne gratuitement » (Matthieu 10, 8). J’ai décidé de partir pour an avec la « mission jeune » du Chemin-Neuf. C’est ainsi que je me suis retrouvée à Kinshasa, dans l’un des quartiers les plus pauvres de la ville, travaillant notamment avec des éducateurs pour la réinsertion des enfants en situation de rue à partir d’un centre d’accueil de jour. J’ai passé le plus clair de mon temps avec ces jeunes, et à travers eux, le Seigneur m’a évangélisé. Il m’a enseigné, questionné, attiré. Il m’a permis de comprendre que l’Amour est toujours présent dans le cœur d’une personne, quels que soient la gravité de ses actes. Qu’un jeune violent est d’abord un enfant qui a besoin d’être aimé et dont l’amour a été trahi. Qu’il n’y a jamais de bonnes raisons de désespérer de quelqu’un. Oui, ce sont ces enfants qui, sans le savoir, sur les trottoirs de Kinshasa, m’ont appris l’Espérance. J’ai expérimenté tant de fois que tout peut changer par la relation fraternelle, par l’amour !

 

« La rencontre avec ces enfants a aussi fait jaillir en moi, pour la première fois, un sentiment de maternité d’une force et d’une beauté qui m’était inconnue. »

Je me souviens qu’un jour, dans la rue, un adolescent a pris mon téléphone portable, que j’avais innocemment laissé dans la poche arrière de mon sac à dos. Évidemment, je ne m’en suis pas rendue compte. Il m’a ensuite couru après pour me rendre mon téléphone et me gronder de mon imprudence, demandant à porter lui-même mon sac à dos jusqu’au centre d’accueil. La rencontre avec ces enfants a aussi fait jaillir en moi, pour la première fois, un sentiment de maternité d’une force et d’une beauté qui m’étais inconnue. J’ai commencé à réaliser qu’il y avait plusieurs manières d’être mère et j’ai goûté une joie particulière à aimer ces enfants, à leur « donner le jour », à mon humble mesure, là ils ne voyaient que ténèbres. Et j’ai découvert intimement que je suis faite pour donner ma vie, pour donner LA Vie, qui est Jésus. Qui est Dieu. Qui est Amour.

 

« L’Amour seul est Force de Création » (saint Maximilien Kolbe)

À la fin de cette expérience initiatique, deux évènements sont venus confirmer tout ce que Dieu avait planté. Quelques mois après mon retour, j’ai entendu un appel clair à la vie consacrée. Dans le même temps, j’ai compris que le Seigneur me demandait d’abord de finir mes études et qu’Il me montrerait ensuite ma « terre promise ». En effet, j’étais sur le point de reprendre une formation pour devenir éducatrice spécialisée. 4 années se sont écoulées, durant lesquelles, au travers de multiples expériences, une conviction n’a fait que grandir : « l’Amour seul est Force de Création » (saint Maximilien Kolbe).

 

« Le Seigneur (…) avait déposé en moi le désir de devenir sœur universelle »

J’ai travaillé en particulier avec des adolescents, en protection de l’enfance, et cela a parfois été très difficile. Mais je me suis accrochée à ma foi en l’Amour, et j’ai été témoin de beaux changements que seul l’Amour a rendu possible ! À la fin de mes études, mon diplôme en poche, le Seigneur a réalisé sa promesse : j’ai croisé « par hasard » l’Institut des Franciscaines Missionnaires de Marie, cherchant des informations sur saint François d’Assise. Et je ne les ai plus quittées ! C’est étonnant de penser que de moi-même, je n’aurais pas choisi cette famille ! Mais le Seigneur qui m’a appelé et me connaît mieux que moi-même m’a peu à peu révélé pourquoi Il m’y avait invité, et je n’ai jamais cessé de m’en émerveiller !

Depuis si longtemps, je sentais que le Seigneur voulait élargir mon cœur aux dimensions du monde et qu’Il avait déposé en moi un désir de devenir sœur universelle, à l’image de saint François d’Assise ! Je découvrais que notre fondatrice aimait dire « Le monde entier est ma patrie », elle qui a voulu notre institut voué à la mission universelle, dès son origine. Quel bel écho tout cela a fait en moi dès mes premiers pas dans la vie religieuse !

 

« Depuis, je comprends que la mission est partout, parce que la soif d’être aimé est partout ! »

Depuis, je comprends que la mission est partout, parce que la soif d’être aimé est partout ! Et je sens que le Seigneur me donne pour mission de transmettre son Amour inconditionnel, parfois en Le nommant, mais le plus souvent par la vie. Je me souviens d’un soir, où je rentrais plus tard que d’habitude après avoir participé à une rencontre de jeunes professionnels. J’étais seule à un arrêt de bus. Un homme m’a approché et a voulu m’intimider, allant jusqu’à se montrer menaçant. Inspirée par l’Esprit Saint, je lui ai souri et lui ai parlé simplement, répondant calmement à ses questions, puis m’intéressant à lui à mon tour.

Je sentais que le Seigneur me donnait simplement d’aimer cet homme comme un frère, et je crois qu’il l’a senti. Après quelques échanges, son ton a changé et il s’est ouvert sur sa vie : sa souffrance, le rejet de sa compagne qui l’empêchait de voir sa fille etc. Il m’a « grondé » d’être seule si tard, et ne m’a laissé que lorsqu’il s’est assuré que j’étais monté dans le bus ! Ce soir-là, je me suis dit que, certes, j’avais peut-être manqué de prudence, mais que l’Amour avait encore une fois gagné !

 

« Le Seigneur m’a inspiré de lui parler de Paix »

Un autre jour, lors d’une maraude avec la Croix Rouge, j’ai rencontré un homme qui se vantait de ses méfaits auprès de moi (casses de voiture, violences contre la police etc.). Le Seigneur m’a inspiré de lui parler de Paix, et l’homme a eu des larmes aux yeux en s’ouvrant sur sa vie cassée, le regard terrible qu’il portait sur lui-même et qu’il essayait d’oublier en buvant. J’ai pu lui parler d’amour de soi, de pardon, du changement qui est toujours possible. À la fin de la maraude, au moment de relire ce que nous avions vécu, dans le bus de la Croix Rouge, c’est un bénévole de longue date qui a dit avoir été chamboulé en nous observant et nous écoutant, expliquant qu’il ne vivrait plus jamais les maraudes la même manière. L’Amour s’est frayé un chemin dans deux cœurs ce soir-là.

 

« L’amour a été notre unique langage »

Je suis à présent en Inde, à Chennai, pour une année d’expérience missionnaire. Je suis amenée à vivre différentes missions, par lesquelles le Seigneur continue de me décentrer, de m’enseigner, de me dépouiller de ce « moi » parfois envahissant pour Le revêtir et Le témoigner.

J’ai passé mon premier mois dans une communauté où nous avons un orphelinat. Je ne parlais pas un mot de Tamoul et ne pouvais pas comprendre les enfants (et inversement). Ils étaient parfois durs, ayant un passé difficile et un présent où ils manquent de repères et d’affection. Mais encore une fois, l’Amour du Christ – qui nous aide à voir « au-travers » – m’a aidé à les approcher, à les valoriser, à leur faire sentir qu’ils sont dignes d’être aimés. L’amour a été notre unique langage.

 

Ma mission ? « Porter la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu en particulier à ceux qui sont rejetés, se sentent mal aimés, indignes de l’être. »

Je crois que nous sommes des semeurs de Vie, d’Espérance, de cet Amour de Dieu qui veut tous nous réunir sous ses ailes. Et nous sommes Ses envoyés. C’est bien l’origine du mot « mission » non ? La mienne est de porter la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu en particulier à ceux qui sont rejetés, se sentent mal aimés, indignes de l’être. Pour qu’ils découvrent en eux-mêmes leur propre beauté, leur dignité, et se relèvent. Marie, mère de l’Amour, est mon modèle par excellence. Voilà ma mission, ici, ou ailleurs. Et la vôtre ?

 

 

 

 

 

 

 

Ça pourrait vous intéresser

Inscrivez-vous
à la newsletter

Tous les mois, le meilleur de la Mission dans votre boîte mail !

Pour être informé des actualités, laissez-nous votre adresse email via le formulaire ci-dessous.

Veuillez activer JavaScript dans votre navigateur pour remplir ce formulaire.

Suivez-nous
sur les réseaux sociaux