Institution du séminariste Jean-Jérôme (en formation au séminaire de Toulouse) au ministère de lecteur et admission de Daniel (séminariste du Chemin Néocatéchuménal en formation pour le diocèse au Collège des Bernardins à Paris) parmi les candidats au sacerdoce
Ac 1, 15-17.20a.20c-62 Ps : 102 1 Jn 4, 11-16 Ev de St-Jean 17, 11b-19
La liturgie de ce 7e dimanche de Pâques nous invite à entrer dans l’intimité de la prière de Jésus qui intercède pour ses disciples, pour nous. Jésus demande notre unité. Il demande la paix. Il nous promet la joie. Nourris par la Parole de Dieu qui sera au centre de leur vie, Jean-Jérôme et Daniel seront envoyés dans le monde, sans y appartenir, comme le furent les disciples. Ils seront sanctifiés dans la vérité qui est le Christ. Ils doivent prendre conscience que le Seigneur veut les garder et nous garder du mauvais qui existe et peut nous faire tomber. Ils savent que le Seigneur est avec eux, que son esprit n’est pas celui du monde. Leur vie, leurs choix, leur salut, comme le nôtre se jouent dans cette rencontre entre l’esprit du mal et l’Esprit Saint.
Dieu veille sur nous
C’est en entrant dans la communion de Jésus avec son père que nous verrons grandir notre unité, notre paix, notre joie et que l’Eglise pourra être pleinement missionnaire. Dans l’extrait de la prière sacerdotale que la liturgie offre à notre méditation aujourd’hui, apparaît le projet de Dieu pour les hommes invités à vivre dans l’unité, la paix, la fraternité et la joie. Or, nous le savons bien, cela n’est pas encore réalisé. Dans la vie de chacune de nos communautés, celle de nos familles, de notre pays, dans la vie du monde, nous voyons sur quels obstacles bute notre aspiration à l’unité : querelles de chapelles, disputes entre les personnes, jalousies, influence néfaste de l’idéologie, querelles de générations, de sensibilités liturgiques différentes, divisions… Et puis il y a les guerres qui n’en finissent pas, le terrorisme…
Quel sera l’avenir de nos frères d’Orient rassemblés dans notre cathédrale [Saint-Louis de La Rochelle] aujourd’hui ? Leurs familles luttent pour vivre la foi chrétienne sur la terre de leurs ancêtres. Leur présence parmi nous nous montre que l’Evangile dérange l’esprit du mal à l’œuvre chez les fanatiques et les bourreaux. Le courage de nos frères nous interpelle, nous invite à l’unité, à la fraternité et nous rappelle ces vérités de notre foi : Dieu est fidèle, Dieu est amour, Dieu ne nous abandonne jamais. Alors comment reconstruire le tissu déchiré de notre unité ? Comment retrouver les chemins du dialogue et de la paix ? La paix est difficile à construire. Le pape François nous dit qu’elle est « artisanale ». Pour être authentique et durable, elle doit être le fruit de ce que le Saint-Père appelle la « culture de la rencontre »1 qu’il nous appartient de promouvoir.
Comme les disciples, osons sortir, en allant à la rencontre de l’autre pour le voir et le reconnaître dans sa différence, mais aussi dans cette irréductible ressemblance avec chacun de nous, puisque nous sommes fils d’un même Père et sauvés par le Christ. Le Christ n’a jamais cessé d’aller au-devant des hommes, de parcourir les routes. A nous maintenant de marcher à sa suite. Interrogeons-nous ! Vers qui pouvons-nous aller, cette semaine, pour donner la paix qui vient de Dieu, pour exprimer notre solidarité ? Quel voisin, quel collègue, quel ami perdu de vue depuis longtemps, devons-nous visiter ? La paix commence ici, maintenant ; elle nous met en route. Sur le chemin, nous devons être nous-même, des disciples qui ont conscience de la beauté de leur foi et de celle de leur mission. N’ayons pas honte de notre foi, de notre espérance, de notre amour. Notre croix ne doit pas être cachée dans la poche, c’est la leçon de courage que donnent les chrétiens d’Orient aux chrétiens d’un pays sécularisé !
Prenons notre part de ministère dans l’Eglise
Bien sûr la tâche est immense et difficile. Mais Dieu n’ignore rien de nos difficultés, de nos faiblesses. « Judas était l’un des nôtres et avait reçu sa part du ministère », nous dit saint Luc. Dieu avait foi en lui, comme il a foi en nous aujourd’hui. L’amour divin donné n’a pas suffi à convertir Judas. Le même amour est offert aux hommes aujourd’hui. Jésus, la veille de sa passion, a supplié le Père afin que notre faiblesse ne compromette ni notre unité, ni l’annonce de l’Evangile, afin que nous nous convertissions. Dieu connaît notre faiblesse et néanmoins nous appelle. Forts de cette confiance, préparons-nous à l’accueil de l’Esprit qui vient de Dieu, restons en communion avec notre Seigneur par notre vie de prière et de charité, par notre vie de fraternité.
Prions les uns pour les autres, pour Jean-Jérôme et Daniel, pour nos frères et sœurs du Chemin Néocatéchuménal présents avec nous à La Rochelle et dans de nombreux pays du monde (grâce aux prêtres et aux familles envoyés en mission), pour nos frères des Eglises d’Orient. Le mystère de Pâques est celui de l’accomplissement de l’amour de Dieu pour tout homme. La vie de disciple peut être mystérieuse pour nos frères qui n’ont pas encore rencontré le Christ ! Elle ne le sera plus si, à notre tour, nous devenons les messagers du Seigneur que chante le psalmiste, en prenant notre part de ministère comme Matthias le fit en étant associé aux apôtres, comme Jean-Jérôme qui reçoit un ministère, comme Daniel qui est admis à se former pour devenir prêtre, comme Remi et Moïse qui seront respectivement ordonnés diacre et prêtre le mois prochain à Royan et dans cette cathédrale. L’Eglise vit, elle est en mission, rien de doit altérer sa foi et son espérance, aucun Judas ne la fera tomber !
Frères et sœurs, à la suite du psalmiste, nous pouvons chanter dans notre cœur «Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bien faits ! ».
+ Mgr Colomb, Directeur des OPM, Evêque de La Rochelle et Saintes
- Fratelli Tutti n°217-218