21 Déc 2024

Dimanche 22 décembre - 4e dimanche de l'Avent

Chaque dimanche ou Solennité, le Père Anh Nhue Nguyen, secrétaire général à Rome de l’Union Pontificale Missionnaire, livre à notre réflexion son commentaire missionnaire biblique.

Mi 5,1-4a ; Ps 79 ; He 10,5-10 ; Lc 1,39-45

Les lectures de ce dernier dimanche de l’Avent nous aident, dans ce climat encore joyeux d’attente de Noël, à nous préparer avec Marie, Mère du Christ, à accueillir ensemble le Seigneur qui vient. La parole de Dieu nous invite à tourner notre regard directement vers le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu, l’envoyé du Père « pour nous et pour notre salut », comme nous le disons dans le Credo. Et dans le cadre du mystère de la mission du Christ, nous sommes également appelés à réfléchir à la mission de Marie, le modèle de tout croyant pour porter le Christ aux autres. À cet égard, trois points sont particulièrement significatifs pour notre cheminement spirituel missionnaire d’aujourd’hui, à commencer par une phrase clé de la deuxième lecture.

« Je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté ». C’est ainsi que le Christ déclare solennellement « en entrant dans le monde », comme nous le rappelle aujourd’hui la Lettre aux Hébreux. Dans son imagination, l’auteur sacré rapporte de manière mystique les toutes premières paroles que le Christ, le Fils de Dieu, prononce déjà au moment d’entrer dans le monde, c’est-à-dire au moment de devenir homme, au moment de son incarnation. Et c’est, en réalité, ce que le Christ répétera à chaque instant de sa vie terrestre. Ainsi, dans l’épisode de la rencontre avec la Samaritaine, il déclare à ses disciples qui s’inquiètent de la faim physique de leur Maître : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. » (Jn 4,34). Dans le célèbre discours sur le pain de vie, il précise encore sa mission : « Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 6,38). Enfin, dans l’agonie de Gethsémani, avant sa passion et sa mort, il a lutté de tout son être, à la sueur et au sang, pour rester fidèle à la seule mission de sa vie : faire la volonté du Père qui l’a envoyé. Il a prononcé des paroles émouvantes dont on devrait toujours se souvenir avec dévotion : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14,36).
Face à ce qui s’est passé dans la vie du Fils de Dieu, nous, chrétiens, disciples du Christ et ses disciples-missionnaires, sommes également appelés à réfléchir à nouveau aujourd’hui, alors que nous nous préparons à la célébration de la naissance de Jésus, et à répondre sérieusement et sincèrement à une question simple mais fondamentale : quelle volonté fais-tu dans la vie et en toute chose ? La tienne ou celle de Dieu ? Toi qui pries toujours comme Jésus nous l’a enseigné : « [Notre Père] que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », fais-tu sa volonté dans ta vie ? À ce moment, quelqu’un pourrait se demander : Mais moi, qui suis un pauvre mortel avec tant de doutes et d’incertitudes, comment puis-je discerner clairement ce que Dieu veut de moi et pour moi dans la vie et à ce moment précis ?

À cet égard, l’enseignement de Saint François d’Assise est éclairant, il commente ainsi l’invocation du Notre Père :
QUE TA VOLONTE SOIT FAITE SUR LA TERRE COMME AU CIEL, que nous t’aimions de tout notre cœur en pensant toujours à toi ; de toute notre âme en te désirant toujours ; de tout notre esprit en dirigeant vers toi tous nos élans et ne poursuivant toujours que ta seule gloire ; de toutes nos forces en dépensant toutes nos énergies et tous les sens de notre âme et de notre corps au service de ton amour et de rien d’autre. Que nous aimions nos proches comme nous-mêmes ; en les attirant tous à ton amour selon notre pouvoir, en partageant leur bonheur comme s’il était le nôtre, en les aidant à supporter leurs malheurs, en ne leur faisant nulle offense.
En bref, la volonté de Dieu pour moi est que je l’aime de tout mon être et que j’aime mon prochain comme moi-même à chaque instant de ma vie. En d’autres termes, la volonté de Dieu à notre égard, comme le suggère Saint François, est toujours et dans tous les cas, indépendamment de l’âge, de l’état de vie, de la vocation et de la profession, l’amour pour Lui et l’amour pour les autres, ce qui implique avant tout d’ »attirer tout le monde de toutes nos forces » à l’amour de Dieu. Et c’est ce double amour que Dieu veut de nous, dans et au-dessus de tout, de tout sacrifice, de toute bonne œuvre, comme il le demande explicitement : « Je veux la miséricorde, non le sacrifice » (cf. 1Sam 15,22; Os 6,6; Mt 12,7), parce qu’Il nous a aimés le premier. C’est pourquoi notre mission dans la vie reste toujours celle de l’amour, qui doit attirer tout le monde vers l’amour de Dieu dans le Christ. C’est la mission d’amour que Sainte Thérèse de Lisieux, patronne des missions, a accomplie et qu’elle rêvait de poursuivre depuis le ciel. Une question concrète se pose spontanément : Est-ce que tu fais la volonté de Dieu ? Ressens-tu l’élan de l’amour du Christ en toi pour le porter aux autres et pour amener les autres à Lui, comme l’apôtre saint Paul s’est exclamé un jour : « L’amour du Christ nous saisit » (2Co 5,14) ?

Dans cette perspective, nous pouvons entrevoir le sens profond de l’action particulière de Marie, décrite au début de l’Évangile d’aujourd’hui : « Marie se mit en route et se rendit avec empressement». Pourquoi cet « empressement » de Marie ? Était-ce parce qu’elle était curieuse de vérifier les informations données par l’ange sur l’état d’Élisabeth ? Il y avait un peu de curiosité, mais peut-être pas, car Marie était « celle qui a cru », comme elle le fera remarquer plus tard. Peut-être parce qu’elle voulait tout de suite apporter de l’aide à sa cousine enceinte dans sa vieillesse ? Peut-être, mais il y avait certainement déjà pas mal de serviteurs et de servantes dans la maison de Zacharie, appartenant à la classe sacerdotale de l’époque. Ainsi, la force principale qui a poussé Marie à « se mettre en route et se rendre avec empressement » doit être vue et interprétée en relation avec ce qu’elle a déclaré à Dieu par l’intermédiaire de l’ange : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1,38). C’est la parole qui concerne non seulement ce moment précis de l’accueil du Fils de Dieu dans son sein, mais aussi toute sa vie, qui est ainsi devenue une mission constante, voire la Mission de la vie devant le Seigneur, toujours sous le signe du « que tout m’advienne selon ta parole ! », c’est-à-dire « selon Ta volonté ! ». Et de même que le Christ, en affirmant mystiquement « Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté », est envoyé par le Père à la mission dans le monde, de même Marie, la mère du Christ, après avoir déclaré son « Me voici » (comme Isaïe et d’autres prophètes), est « envoyée » avec son Fils à tous, à partir de la première visite à Elisabeth avec Jean le Baptiste dans son sein.
Ainsi, l’empressement de Marie sera l’expression de sa disponibilité, de sa sollicitude et de sa joie à remplir la mission qui lui a été confiée. Elle entreprend de partager joyeusement avec d’autres, à commencer par ses proches, les « grandes choses » du salut que le Dieu tout-puissant a commencé pour tous en elle et en Elisabeth. Mais il ne faut pas s’imaginer que la « route » de la mission de Marie, de Nazareth à la « région montagneuse » de Judée, a été facile pour elle, jeune femme dans une douce attente ! La distance était grande (au moins plusieurs jours à pied ou sur l’âne) et les routes n’étaient certainement pas lisses. Il y avait aussi le risque de rencontrer des bandits de grand chemin sur la route, ce qui arrivait à l’époque (comme le rapporte également Jésus dans la parabole du Bon Samaritain, Luc 10, 25-37). Mais tout cela, fatigue ou danger, n’était en rien comparable à la joie que Marie avait en elle et qu’elle voulait partager. Et c’est peut-être pour cela que l’évangéliste Luc passe sous silence les détails du voyage pour se concentrer sur la description de la rencontre joyeuse entre les deux mères, avec l’image évocatrice de « l’enfant qui tressaillit» dans le ventre d’Élisabeth à l’accueil de Marie. Cela nous donne un aperçu du point central théologique de l’histoire : Marie, qui porte Jésus à l’intérieur, remplit de joie Élisabeth et son enfant, et cela déjà par sa simple salutation. Mission accomplie !
Le voyage de Marie devient symboliquement la mission que nous tous, chrétiens, disciples du Christ, sommes appelés à accomplir aujourd’hui encore, car Noël est à nos portes : se lever et partir « avec empressement » avec Jésus dans le cœur, vers les proches et les lointains, pour insuffler à tous la sainte joie et la paix que seul Dieu peut donner par sa présence. Et ce, malgré toutes les difficultés, les adversités, les souffrances qu’il y a sur la route, car la joie que nous portons à l’intérieur pour la partager est plus grande que tous les problèmes que nous rencontrons, à l’extérieur ou à l’intérieur ! Marie, la mère du Christ, a vécu tout cela sur le chemin de sa vie, et c’est pourquoi elle comprend et accompagne certainement les missionnaires du Christ dans leur mission. Après tout, cette mission est celle de Marie, et c’est en fait une participation à la mission du Christ d’apporter au monde la paix et le salut de Dieu. Que chaque chrétien renouvelle son zèle pour cette mission, en répétant, comme Marie, les paroles du Christ à Dieu le Père au moment de son entrée dans le monde : « Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté » ! Et demandons l’intercession de Marie, mère du Christ et notre mère, selon les mots du Pape François :


Vierge et Mère Marie,
toi qui, mue par l’Esprit,
as accueilli le Verbe de la vie
dans la profondeur de ta foi humble,
totalement abandonnée à l’Éternel,
aide-nous à dire notre “oui”
dans l’urgence, plus que jamais pressante,
de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus.
Toi, remplie de la présence du Christ,
tu as porté la joie à Jean-Baptiste,
le faisant exulter dans le sein de sa mère.
Toi, tressaillant de joie,
tu as chanté les merveilles du Seigneur.
Toi, qui es restée ferme près de la Croix
avec une foi inébranlable
et as reçu la joyeuse consolation de la résurrection,
tu as réuni les disciples dans l’attente de l’Esprit
afin que naisse l’Église évangélisatrice.
Obtiens-nous maintenant une nouvelle ardeur de ressuscités
pour porter à tous l’Évangile de la vie
qui triomphe de la mort.
Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies
pour que parvienne à tous
le don de la beauté qui ne se ternit pas.
[…]
Mère de l’Évangile vivant,
source de joie pour les petits,
prie pour nous.
Amen. Alléluia !
(PAPE FRANÇOIS, Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium, n. 288)

Télécharger l’homélie et les notes

Crédit photo : Christ-Roi © Vatican News

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