D’un côté l’extrême vulnérabilité, de l’autre la puissance qui se voudrait sans limites. Aux uns, Dieu enseigne que nul n’est trop pauvre pour n’avoir rien à partager. Aux autres, Dieu annonce le jugement.
Si je n’agis pas avec amour…
Les veuves étaient les pauvres par excellence au temps d’Elie comme au temps de Jésus et quand elles offraient quelque chose de leur pauvreté, quelques pièces ou un peu de farine et d’huile, elles n’espéraient ni la reconnaissance, ni la gloire, ni les honneurs.
Elles vivaient, dans le secret de leur cœur, l’esprit des béatitudes « Heureux les pauvres de cœur….heureux les doux…heureux les miséricordieux « . Par leurs gestes, elles faisaient humblement grandir le Royaume et avancer l’humanité sur les chemins du salut. Elles permettaient aux temps messianiques de s’accomplir et à Jésus de venir ici-bas comme l’unique grand prêtre.
Ces veuves sont pour nous des modèles de don de soi par amour. « J’aurai beau distribuer mes biens aux pauvres, dit Saint – Paul, si je n’ai pas la charité, cela ne sert à rien » (1Co 13,3). Laissons notre cœur voir et agir. La veuve de Sarepta est sage quand elle semble préférer nourrir son fils et se nourrir une dernière fois. Le prophète Elie lui montre le chemin de la confiance, le chemin de la foi, le chemin du monde à venir. Jésus n’améliore pas le sort de la pauvre veuve. Il la donne en exemple car il sait que dans le monde à venir cette femme sera riche de tout ce qu’elle aura donné, elle sera consolée de toutes ses peines.
Donner le Christ !
Dieu, source de toute abondance, n’a pas besoin de nos richesses qui en définitive sont les siennes. La seule monnaie d’échange que nous ayons dans le cœur à cœur avec lui, c’est nous-mêmes, c’est le don que nous acceptons de faire de nous, à l’image du Christ. Bien sûr il est important de donner de notre bien pour la vie de l’Église, pour les pauvres, pour nos frères des pays lointains, pour les Églises Soeurs dont les OPM sont solidaires. Bien sûr, Dieu voit tout cela et s’en réjouit.
Mais ce qui touche vraiment son cœur de père, ce qu’il attend, comme les parents attendent le premier mot et le premier pas de leur enfant, c’est notre capacité à donner de notre nécessaire et surtout la capacité à nous donner. Le Seigneur aime les serviteurs discrets et humbles qui n’ont pas forcément beaucoup de richesses matérielles à partager, mais qui communiquent leur foi, leur espérance, l’amour qu’ils donnent et qu’ils reçoivent. Pierre, à la belle porte du temple peut dire : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas, mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus-Christ le Nazaréen, marche ! » (Actes 3,6).
Alors quelle sera notre obole aujourd’hui ? Piécettes, huile, farine, sourire, à celui qui est seul et désespéré, invitation et main tendue, partagé de notre foi de notre espérance, de l’amour qui nous fait grandir ?
Regardons le Christ qui se donne si parfaitement dans le sacrement de l’eucharistie et demandons-lui de nous montrer le chemin du don qui plaît à Dieu.
Monseigneur Georges Colomb, homélie du 32e dimanche TO.
1 R 17, 10-16; Ps : 145, 6c.7, 8-9a, 9bc-10; He 9, 24-28; Mc 12, 38-44 (ou brève : 12, 41-44)