4 Mar 2025

[Graine d'espérance] Accueillir, soigner, écouter, témoigner de Dieu auprès des blessés de guerre

Source : Vatican News

Dans une interview accordée aux médias du Vatican, Sœur Onufria Bachynska, de la Congrégation des Sœurs Servantes de Marie Immaculée, qui travaille depuis 2014 dans un centre de réhabilitation où sont également accueillis de nombreux soldats et civils blessés partage son témoignage. Elle offre un soutien spirituel et psychologique aux familles des combattants tombés au front ou disparus.

Svitlana Dukhovych – Cité du Vatican

«Nous, Ukrainiens, n’étions pas prêts pour la guerre. La guerre est arrivée de manière inattendue et nous avons commencé à y vivre. Beaucoup ont réagi comme ils le pouvaient. Il m’a été facile de décider ce que je devais faire: lorsqu’une personne est traumatisée, j’essaie de l’aider». Tel est le témoignage partagé avec les médias du Vatican par Sœur Onufria Bachynska, membre de la Congrégation des Sœurs Servantes de Marie Immaculée. Depuis plus de huit ans, la religieuse travaille dans un centre de réhabilitation où sont soignés de nombreux soldats et civils blessés depuis le début de la guerre à grande échelle dans le pays.

Adultes et enfants blessés par balle

La réhabilitation des personnes ayant subi des traumatismes physiques et psychologiques en temps de guerre n’est pas une nouveauté pour la religieuse ukrainienne: elle s’y consacre depuis 2014, lorsque la guerre a commencé dans l’est de l’Ukraine. «Mais avec l’invasion russe à grande échelle, explique-t-elle, le nombre de personnes amputées et surtout meurtries a beaucoup augmenté. Les catégories de personnes avec lesquelles je travaille ont également changé. Si, par exemple, en 2014, il n’y avait pas d’enfants avec des mines ou des blessures par balle, aujourd’hui il y en a beaucoup et travailler avec eux nécessite une approche particulière». Le plus grand défi pour la religieuse, tant sur le plan spirituel qu’émotionnel, est de «voir des soldats (généralement des jeunes hommes) qui ont des blessures de mines dans la région cervicale, parce que ces blessés sont complètement dépendants de l’aide d’autres personnes et qu’il n’y a pas assez de structures adaptées en Ukraine. C’est mon plus grand chagrin», dit-elle. «Je rêve qu’il y ait des centres où ces personnes puissent recevoir l’assistance dont elles ont besoin».

Soutien spirituel et psychologique

Outre la rééducation physique, Sœur Onufria offre un soutien spirituel et psychologique aux familles des soldats tombés au combat ou disparus, aux survivants de l’occupation russe ou à ceux qui se trouvaient près du front. La religieuse confie qu’en aidant les gens à se remettre de leurs traumatismes, «ils s’ouvrent davantage à l’aide et à la présence de Dieu». Ils me posent souvent la question: «Pourquoi? J’ai été une bonne personne. Pourquoi cela m’est-il arrivé? Je n’ai pas de réponse. Ce que je peux faire, c’est soigner leurs cicatrices, préparer un membre pour une prothèse. Je peux les aider à retrouver la mémoire, à surmonter les crises de panique ou à restaurer certaines capacités physiques». Mais «seul Dieu peut guérir leur âme et faire tout le reste. C’est pourquoi je leur montre toujours le chemin vers Dieu, afin qu’ils puissent découvrir un contact personnel avec Lui et trouver le sens de leur vie».

L’histoire d’un ancien soldat

Sœur Onufria se souvient en particulier de l’un de ses patients, un ancien soldat qui avait été blessé à la moelle épinière par l’explosion d’une mine au front et qui ne pouvait plus marcher. «Avant de venir dans notre centre, raconte-t-elle, il avait passé huit mois à l’hôpital et se trouvait dans un état d’épuisement physique et psychologique. Il était venu nous voir avec la décision de se suicider s’il ne se levait pas et ne marchait pas. Je voyais bien qu’il était sincère». D’un côté, «je me sentais impuissante car je voulais l’aider, mais je ne savais pas comment. Croyais-je que Dieu pouvait le guérir et qu’il marcherait à nouveau? J’y croyais, car Dieu est capable d’agir là où nous ne pouvons rien faire. Mais je savais aussi que Dieu pouvait avoir un tout autre plan pour lui, que je ne comprenais pas. Et j’en parlais au soldat. Je n’essayais pas de le convaincre que sa mission était importante, que sa vie avait un sens, parce qu’il avait déjà entendu cela». «Il voulait juste se remettre sur pied. Je demande toujours à mes amis prêtres, à mes sœurs et à ma famille de prier pour mes patients. Chaque jour, ils ont donc prié pour ce vétéran. J’ai prié aussi, parce que je ne voulais pas qu’il meure, je l’ai confié à la miséricorde de Dieu», assure-t-elle.

Reprendre contact avec Dieu

Jour après jour, Sœur Onufria voit le monde intérieur du soldat blessé changer. Il a commencé à manger, à dormir. Il devient plus fort physiquement et spirituellement. À l’invitation de la religieuse, il a commencé à lire les Écritures, à prier les Psaumes et à parler à Dieu, tous les jours. «Il est ensuite rentré chez lui, mais nous sommes restés en contact. Il n’a pas commencé à marcher et restera probablement dans un fauteuil roulant. Mais de temps en temps, il m’envoie des photos de lui en fauteuil roulant avec sa femme, allant au théâtre ou ailleurs. Pour moi, c’est dans ces moments-là que se produit un enracinement en Dieu: quand les gens commencent à trouver un contact personnel avec Lui. Et quand je suis témoin de ces moments, je suis vraiment reconnaissant», conclut-elle.

Source et crédit photo : Vatican News

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