Les catholiques du Laos sont l’image même d’une Eglise de disciples-missionnaires, une Eglise vivante en pleine construction, où les fidèles se retroussent concrètement les manches et vivent pleinement leur vocation missionnaire.
L’Eglise du Laos a fait l’objet de la chronique « Sacrée Mission » de Romaric Bexon sur RCF le 12 juin 2024. Ecouter le podcast.
La situation de l’Eglise au Laos
La République démocratique populaire lao est un État socialiste. Autrefois partie d’un ancien empire hindou, le Laos a aujourd’hui une culture bouddhiste et une population majoritairement bouddhiste de 7,5 millions d’habitants. L’Église catholique du Laos faisait à l’origine partie du vicariat apostolique du Siam oriental. Il y a actuellement quatre vicariats apostoliques au Laos (Vientiane, Paksè, Luang Prabang, Savannakhet), avec un total d’environ 60 000 catholiques dans tout le pays. Depuis la reconnaissance officielle de l’Église catholique par le Front laotien pour le développement national en 1979, les relations entre l’Église et le gouvernement se sont progressivement améliorées, y compris dans le cadre de la liberté religieuse reconnue par la Constitution de 1991, selon laquelle le Laos reconnaît la liberté de religion (l’État reconnaît officiellement quatre religions : le bouddhisme, le christianisme, l’islam et la religion bahaïe), avec les limites fixées par la loi. Depuis 2017, la petite Église a également un cardinal, créé par le pape François : il s’agit de Louis Marie Ling Mangkhanekhoun, vicaire apostolique de Vientiane, aujourd’hui âgé de 80 ans.
Les fidèles de la petite communauté catholique du Laos ont un fervent esprit missionnaire également parce que l’avenir de l’Eglise locale est entre leurs mains : en effet, selon la réglementation en vigueur, il ne peut y avoir de missionnaires résidant de façon permanente dans le pays, mais seulement pour de courtes périodes. Il est donc important pour eux de s’occuper et de veiller aux vocations autochtones, tant au sacerdoce qu’à la vie consacrée ou aux laïcs comme les catéchistes, afin de pouvoir mener à bien leur travail pastoral. Nous offrons tout le soutien nécessaire et possible puisque nous partageons la même Conférence épiscopale, celle des évêques du Laos et du Cambodge.
explique le Père Paul Chatsirey Roeung, Directeur des Œuvres Pontificales Missionnaires du Laos et du Cambodge.
La vie pastorale se déroule paisiblement de manière ordinaire. Pour les grands rassemblements ou les initiatives spéciales, il est nécessaire de demander la permission aux autorités gouvernementales. Et ces autorisations varient d’une province à l’autre, en fonction des responsables locaux. Malgré les difficultés, l’Eglise du Laos est une petite communauté qui nourrit un grand espoir et attire les jeunes Laotiens, se réjouit le Père Chatsirey.
Quatre vicariats apostoliques soutenus par les OPM
Les quatre vicariats apostoliques du Laos – Luang Prabang, Pakse, Savannaketh et Vientiane – sont soutenus année après année par les OPM. En plus de subsides de fonctionnement et de soutien des séminaires, les OPM participeront à plusieurs chantiers en 2024, notamment la finalisation de l’église Saint-Marc du village de Thongpaow, dans le vicariat de Paksè, au sud du Laos.
Ces 4 vicariats font partie des 1 117 diocèses et vicariats soutenus chaque année par les OPM dans le monde, soit plus d’un tiers des 3000 diocèses et vicariats que totalise l’Eglise catholique. Cette aide concerne le fonctionnement quotidien, la formation de 220 000 catéchistes, la construction d’églises, les œuvres locales de charité et d’aide à l’enfance sans oublier plus de 80 000 séminaristes répartis dans 750 établissements.
Le Laos en représente une petite partie, mais tellement porteuse d’espérance pour l’avenir ! Au petit séminaire, en année propédeutique et au grand séminaire, l’Eglise au Laos totalise en effet 50 garçons et jeunes hommes laotiens : environ 20 au petit séminaire, 10 en année propédeutique, 20 au grand séminaire. Les catholiques laotiens sont pleinement conscients que l’avenir dépend de leur propre mission et de leur témoignage de foi.
Ces derniers mois, j’ai vécu une retraite spirituelle avec les prêtres laotiens et j’ai senti chez eux une confiance totale en Dieu : l’Église se confie au Seigneur avec toutes ses œuvres et Dieu l’aide et la soutient, souligne le Père Paul Chatsirey.
Le travail pastoral et missionnaire se fait à petits pas. Des catéchistes accompagnent les prêtres pour parcourir les villages et administrer les sacrements. Parfois, selon les besoins, ce sont les catéchistes-missionnaires qui visitent seuls les territoires, donnant un témoignage de foi et apportant l’Evangile, parfois en baptisant.
Les Franciscains à l’œuvre
Dans le Vicariat apostolique de Paksè, qui compte environ 22 000 catholiques et huit prêtres diocésains, on trouve également des Frères mineurs.
Les Franciscains sont parmi les rares religieux du Vicariat, dans une fraternité qui compte actuellement quatre frères de la Province Saint-François du Vietnam, dont deux prêtres
souligne Frère John Wong, Définiteur général des Conférences des Frères Mineurs d’Asie et d’Océanie, qui s’est récemment rendu dans le pays.
Les frères vivent dans un village fondé à l’origine comme léproserie par un prêtre missionnaire français : « Le travail principal est de restaurer l’Église locale, ce qui signifie la construction concrète de structures pour la pastorale, mais surtout la croissance spirituelle du peuple de Dieu, pour l’avenir de l’Église au Laos », explique Frère John. Les frères ont en effet la charge pastorale de cinq villages et assurent le soutien pastoral de quatre missions sur le territoire.
Au cours des dix dernières années, les frères ont achevé la construction de cinq églises en briques et de quatre autres chapelles en bois, ainsi que du centre de retraite et de formation du vicariat,
note-t-il, tandis qu’ils construisent actuellement deux autres nouvelles églises et une chapelle en bois.
Ils sont également actifs dans le domaine social : ils ont lancé un certain nombre de projets visant à fournir de l’électricité et de l’eau potable aux communautés rurales très pauvres, et aident l’évêque local à développer une plantation pour le Vicariat apostolique. La communauté franciscaine gère également deux foyers d’étudiants pour assurer l’éducation de 15 enfants issus de villages pauvres et, grâce à des donateurs, offre une cinquantaine de bourses à des étudiants nécessiteux, de l’école primaire à l’université. Les frères franciscains de Paksè sont pleinement intégrés dans l’Église locale et l’évêque Andrew Souksavath Nouane Asa, vicaire apostolique de Paksè, a souvent souligné l’appréciation de la population locale pour les frères franciscains, pour leur mode de vie pauvre et simple et pour leur service au peuple de Dieu et à la communauté locale.
Le Fonds de Solidarité Universelle des OPM : une manifestation de la catholicité de l’Eglise !
Le Père Chatsirey souligne que, de la part de la petite et très pauvre communauté laotienne, les OPM ont recueilli mille dollars lors de la dernière Journée Mondiale des Missions :
c’est la petite contribution au Fonds de Solidarité Universelle qui vient aussi des plus pauvres, un geste d’une profonde signification, un signe important de l’esprit missionnaire qui se tourne vers l’Eglise universelle
En préparant la Semaine Missionnaire Mondiale 2024, nous sommes invités à méditer ce très beau geste de la part de nos frères du Laos.
Leur mobilisation nous renvoie au message du Christ à saint François d’Assise : « Va, François, et répare mon Église, qui, tu le vois, tombe en ruines ». Mettons-nous à l’œuvre, retroussons nos manches et devenons les pierres vivantes d’une Eglise vivante.
Source : Fides