9 Juil 2022

Nous connaissons donc le chemin de la paix

Chers frères et sœurs,

Les lectures de ce 15e dimanche du temps ordinaire doivent combler notre espérance. La parole est en nous, à notre portée. Le livre du Deutéronome vient nous le rappeler : « elle est tout près de toi cette parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique ». Le psalmiste nous encourage car, dit-il, « la loi du Seigneur est parfaite, elle redonne vie ». L’évangile nous montre le prochain que nous devons aimer et nous dit que c’est le secret pour avoir la vie éternelle en héritage. Saint Paul, dans la lettre aux Colossiens, vient nous rappeler qu’en Christ tout fut créé et que par sa croix, nous obtenons la paix.

 

1) Proximité de Dieu avec l’homme

Oui, Dieu est proche de nous. Cette proximité se manifeste dans sa parole qui nous est donnée chaque jour, parole de vie, parole qui donne sens et oriente nos choix, permet les décisions importantes. La parole de Dieu nous est transmise dans la tradition de l’Église, commentée par les pères de l’Église. Cette parole nourrit les assemblées chrétiennes, elle est proclamée, méditée, partagée. Elle nourrit notre foi. Elle permet à tout homme d’échapper au piège de l’auto-référencement dans lequel tombe un certain nombre de nos contemporains.

La parole est donc source de force et de liberté pour l’homme. Source de force, car l’homme n’est pas seul, la parole n’est pas dans les cieux ou au delà des mers elle est à sa portée. Elle le défend des pièges et des arguties du malin, elle l’aide dans son combat quotidien au service de la vérité et de la justice. Elle est source de liberté, car elle permet à l’homme de ne pas devenir esclave des idéologies ou des opinions à la mode qui flattent son ego ou ses instincts les plus bas.

Chers frères et sœurs, avons-nous conscience de ce trésor qui nous est donné en héritage, prenons-nous le temps de la méditation de cette parole, la mangeons-nous, la ruminons-nous ? Entendons-nous les appels qu’elle nous adresse, comme c’est le cas dans l’évangile de ce jour : « va et toi aussi, fais de même. » ?

Sommes-nous capables, à notre tour, de répondre à cette parole qui nous est adressée, aux appels qui nous sont lancés ? Prenons-nous le temps de l’écoute, du dialogue ? Nous mesurons bien que la liturgie de ce jour nous interroge sur notre rapport à la Parole, sur notre relation à Dieu qui communique avec l’homme pour que notre Église se fasse conversation, afin que les baptisés puissent s’enrichir mutuellement des richesses de cette parole en scrutant ses mystères. Pensons à toutes les personnes que nous connaissons qui ont rencontré le Christ par la lecture de l’Écriture et dont la vie a été radicalement changée par leur conversion.

La parole dont nous parle le Deutéronome s’est faite chair en Jésus. Dieu ne nous parle pas seulement par son verbe, mais par son verbe fait chair que nous célébrons chaque année à Noël et, comme en Christ tout fut créé, nous mesurons l’intensité de cette proximité, nous savons qu’en mourant sur la croix, notre Seigneur s’est tellement fait proche de nous, qu’il a pris tous nos péchés. La parole s’est faite acte, guérison, pardon, vie, marche sur les chemins des hommes, résurrection ! La parole a été condamnée par les hommes pour que nous obtenions la paix. La paix est le fruit du don de sa vie que le Seigneur a fait sur la croix pour notre salut. Nous connaissons donc le chemin de la paix : c’est celui du don de soi pour les autres par amour du Christ, comme le Christ nous a aimés par amour des hommes.

 

2) Proximité des hommes entre eux

«Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai. », « Va , et toi aussi, fais de même.»

La réponse à la question posée par le docteur de la Loi à Jésus est éclairante pour nous à plus d’un titre. D’abord, elle nous montre que ce n’est pas pas un prêtre,  ce n’est pas un séminariste (un lévite) qui s’arrête pour panser l’homme blessé et abandonné sur le chemin, mais un Samaritain, un ignorant de la Parole livresque.

Selon un commentaire d’Origène, les blessures de l’homme abandonné sur le chemin par les bandits représentent la désobéissance, le péché. La monture est le corps du Seigneur, l’auberge ouverte à tous, c’est l’Église, l’aubergiste est le chef chargé d’adminsitrer l’Église et la promesse de revenir faite par le Samaritain à l’aubergiste figure le second avènement du Sauveur. Le Samaritain s’est montré le prochain de cet homme abandonné par le bandit, il l’a été en actes et pas seulement en paroles. Nous comprenons pourquoi le Seigneur répond au docteur de la loi : « Va, et toi aussi, fais de même. ». Cet ordre du Seigneur s’adresse à nous aujourd’hui.

Nous vivons en France dans une société démocratique qui permet la prise de parole, notre Église synodale permet aussi la prise de parole ; c’est une bonne chose, mais ne nous contentons pas de mots ! La prise de parole, les réunions auxquelles nous participons ne doivent pas nous donner l’illusion de l’action ! L’activisme n’est pas action, le bavardage n’est pas action. Il ne faut pas passer son temps à se regarder le nombril et à se lamenter sur l’état de l’Église ou sur celui de notre pays pour se faire les louangeurs du temps passé et se donner une fausse bonne conscience ! Il faut, comme le dit le Saint Père, mouiller la chemise, quelle que soit la mission qui nous est donnée par l’Église.

Monseigneur Jean-Marie Odin, enfant d’Ambierle s’est nourri de la parole de Dieu au séminaire. Le témoignage du père Antoine Blanc,  celui de son ami séminariste, Jean-Baptiste, frère du père Antoine, l’appel de Mgr Dubourg, évêque de La Louisiane et des deux Florides, furent déterminants pour le départ du séminariste Jean-Marie Odin pour la Nouvelle-Orléans.

A la même époque, la bienheureuse Pauline Jaricot, en lien avec le vicaire général de la Nouvelle-Orléans, fonde l’Œuvre de la Propagation de la Foi. Nous fêtons cette année le bicentenaire de l’arrivée de notre missionnaire lazariste en Amérique et le bicentenaire de l’Œuvre de la Propagation de la Foi.

A son arrivée en Amérique, il fut profondément choqué par l’esclavage des noirs. « On les traite, comme en traiterait en France, une bête de somme », écrit-il dans plusieurs lettres. La mission du jeune prêtre ordonné le 4 mai 1823 ne se limite pas à l’enseignement de la théologie au séminaire, il évangélise les Amérindiens et fraternise avec les tribus autochtones ( tribus d’Arkansas ou Quapaw, Cherokee, Osages et Cadoux). Il recueille les  confidences de ces victimes de la colonisation américaine qui sont contraintes à des déplacements forcés ne tenant pas compte de leur culture, ces gens sont déplacés sur les territoires de tribus ennemies. Il tente d’intercéder en leur faveur auprès du gouverneur de l’Arkansas, mais les missionnaires catholiques n’avaient aucune influence politique aux États-Unis !

Comme il avait étudié les religions des autochtones, il s’avait que ces peuples croyaient en une multitude d’esprits au dessus desquels se trouve une entité purement spirituelle appelée le Grand Esprit. Il se présentait comme ministre du grand esprit. Les premiers missionnaires catholiques arrivés en Chine traduisirent le mot Dieu en 天主, ce qui signife le maître du Ciel et parlait aux Chinois puisque l’empereur était le Fils du Ciel. Mgr Odin baptisa des autochtones. Il quitta le Missouri en 1840 et fut envoyé au Texas. En 1841, il devient vicaire apostolique du Texas, avec rang d’évêque.

Il découvre alors la dangerosité du Texas, les Comanches aux mœurs violentes, les brigands appelés desperados, les maladies, les animaux sauvages, les trajets interminables à travers les déserts. En 1861, il est nommé archevêque de la Nouvelle-Orléans en pleine guerre de Sécession. En octobre 1862, une lettre du pape Pie IX lui demande de tout mettre en œuvre pour aboutir à la paix tout en restant neutre dans ce conflit. Il était choqué par les mauvais traitements reçus par les Noirs. Après l’abolition, il était inquiet du sort de ces personnes laissées à l’abandon par le système esclavagiste.

Le jeune Jean-Marie Odin a  voulu faire du plus lointain son prochain. Il a traversé l’océan atlantique pour aller annoncer l’évangile, il fut le bon Samaritain des Noirs d’Amérique pendant la guerre de sécession,  des tribus indiennes déplacées pendant la colonisation américaine, il fut l’avocat qui plaida la cause des Indiens auprès du gouverneur de l’Arkansas.

Rien d’étonnant à ce qu’un missionnaire catholique se fasse le défenseur de ces minorités opprimées. La bible fournit l’éclairage nécessaire à la défense de la dignité humaine. Il s’agit principalement du droit à la vie, à la liberté, à la dignité. Tout est contenu dans ce principe fondamental du Livre du Lévitique (19,18) « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », passage que le docteur de la loi cite dans sa réponse à la question de Jésus « Dans la loi, qu’y a-t-il d’écrit ? ». Le préambule de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 « Tous les hommes naissent libres et égaux en droits » ne fait que reprendre le Livre de la Genèse  (1,26-27) : « Dieu créa l’homme à son image,… ».

A sa mort, Mgr Odin fut surnommé le Saint de l’Amérique. Deux cents après, la vie de cet enfant d’Ambierle est une invitation au respect de la dignité humaine, de la différence, des  consciences, toutes choses qui sont inscrites dans la Parole de Dieu. Sa vie est surtout un appel à la mission pour que le Christ soit connu et aimé, pour que l’homme découvre que le Christ est dans son prochain et qu’il est en lui-même.

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