Oui, la Toussaint est d’abord la fête de la sainteté, celle à laquelle chacun de nous est appelé, celle à laquelle tous les défunts que nous aimons sont associés. Le chemin de la sainteté est tracé pour nous dans l’évangile de ce jour, celui des Béatitudes et son message paradoxal magnifique qui nous fait entrer dans l’amour de Dieu au milieu des tourments de cette vie.
Chercher « la face de Dieu »
Depuis notre baptême nous le savons : configurés au Christ, nous sommes les héritiers du Royaume. Jésus ne nous a pas donné des commandements nouveaux à observer. Il nous a donné les clefs du royaume de Dieu, le message des béatitudes, bonheur qui nous surprend car il est à contretemps de toutes les promesses humaines.
En effet, ce qui est folie pour les hommes est sagesse de Dieu. Heureux les pauvres, heureux ceux qui pleurent, heureux les artisans de paix, heureux ceux qui ont faim et soif de justice… Il y aurait quelque chose d’injurieux pour celui qui est aux prises avec la maladie, la pauvreté, l’injustice, de lui dire qu’il est heureux et ce n’est pas ce que Jésus veut nous dire. Bien sûr nous préférons ne pas pleurer, ne pas être persécutés, ne pas avoir à affronter l’injustice, la guerre, la faim et la haine et c’est bien naturel, et nous n’avons pas à en éprouver de la honte ou de la culpabilité.
Simplement, Jésus nous invite à voir plus loin et plus haut, toujours au-delà de la grande tribulation, au-delà des épreuves qui, inévitablement, jalonnent notre vie, au-delà de la mort qui viendra nous chercher. Face à Dieu créateur et rédempteur, nous mesurons notre pauvreté, nos limites. Nous avons besoin de miséricorde, nous avons besoin d’être sauvés. Ce que vient nous dire Jésus c’est que si nous gardons notre regard fixé sur Dieu, si, sans trêve, nous cherchons sa face, nous nous verrons tels que nous sommes, en fils et filles de l’unique Père, en frères et sœurs du Christ.
Nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est
En se livrant pour nous Jésus nous a donné la clef de la transformation de notre vie. Il nous a ouvert la porte, il a libéré le passage pour la « multitude » et non pas pour une élite. Désormais notre vie peut être transfigurée et cette transfiguration commence ici-bas car c’est dès maintenant que se révèle cette vérité : « quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est ».
Notre identité d’enfants de Dieu se construit chaque jour de notre vie, comme elle s’est construite durant la vie de celles et de ceux qui, aujourd’hui, nous précèdent dans la mort, les saints, mais aussi tous ceux et toutes celles, personnes anonymes, qui ont cherché Dieu. Les saints ne sont pas des êtres inaccessibles, des héros extraordinaires. Ils sont des hommes et des femmes, parfois des enfants semblables à nous, mais qui n’ont pas quitté des yeux le visage du tout autre, qui ont fait confiance, qui ont avancé malgré les tempêtes, les persécutions, la haine…
Dans son autobiographie, sainte Thérèse de Lisieux, Thérèse de la Sainte Face, nous montre le chemin de la sainteté dans l’ordinaire de nos vies. Elle nous montre la « petite voie » accessible à tous. Puissions-nous au seuil de notre mort, être en paix et dire, à la suite de la petite Thérèse, patronne des missions, » Je ne meurs pas, j’entre dans la vie ».
Mgr Colomb, Directeur national des OPM en France
Ap 7, 2-4.9-14; Ps : 23, 1-2.3-4ab.5-6; 1 Jn 3, 1-3; Mt 5, 1-12a