C’est aussi à nous que s’adressent les anges : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? ». Nous ne sommes pas galiléens mais c’est dans l’aujourd’hui de nos vies, là où nous sommes, que Dieu nous appelle pour faire de nous des missionnaires, Saint Matthieu nous le rappelle dans son évangile : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé ».
Dieu compte sur nous, Dieu a besoin de nous,
de nos mains pour soigner, soulager, bénir ; de nos paroles, pour apaiser, témoigner, enseigner ; de notre exemple car c’est par notre art de vivre que nous témoignons. Certes, livrés à nos seules forces, nous en sommes incapables ! Mais Dieu n’a pas abandonné ce monde. Son esprit qui vivifie toutes choses nous a été donné. Il nous est donné en permanence dans les sacrements, la prière, la lecture de la Parole et la contemplation de l’exemple de Jésus. L’Eucharistie est nourriture pour la route, force pour le témoignage et la mission. C’est vers les plus petits que nous sommes envoyés en priorité, avec audace et douceur, pour leur partager l’espérance qui vit en nous. Toute la vie du chrétien est ascension. Comme notre maître a attiré à lui l’humanité toute entière pour la sauver, il appartient à chacun de nous, à notre mesure, mais sans sous-estimer nos capacités transfigurées par l’action de l’Esprit Saint, d’attirer pour le Christ et en son nom, les hommes, les femmes de tous âges, portant une attention particulière aux plus jeunes, que le Seigneur met sur notre route.
Tourner nos regards vers les plus fragiles
Le pape François nous invite à tirer les leçons de la pandémie de coronavirus qui a frappé la planète de sidération et nous a fait prendre la mesure de la fragilité de nos sociétés. Il appelle de ses vœux un renforcement des liens fraternels : « que l’engagement commun contre la pandémie puisse porter tout le monde à reconnaître notre besoin de renforcer les liens fraternels en tant que membres d’une unique famille » (Pape François, Angélus du 29 mars 2020).
Il nous appelle à tourner nos regards vers les pays les plus fragiles pour les libérer enfin du fardeau écrasant d’une dette impossible à rembourser. Les Œuvres pontificales missionnaires sont engagées, à la demande du Saint Père pour apporter aide et réconfort aux Églises les plus pauvres. A nous, Européens, le Pape demande de retrouver « un esprit concret de solidarité » cet esprit qui a permis à l’Europe « de dépasser les rivalités du passé » (bénédiction Urbi et Orbi, Pâques 2020).
Chaque vie est une ascension
Entendons cela et vivons en conformité avec ce principe : il existe une unique famille humaine, et chaque membre souffrant doit être pour chacun de nous, une souffrance à soulager, une douleur à apaiser, une espérance à faire connaître. C’est cette espérance qui nous fait vivre et nous porte, baptisés dans la mort et la résurrection du Christ. C’est notre foi qui nous pousse vers le haut, chaque vie est une ascension. De même que l’alpiniste fait preuve de patience, d’efforts, de force physique et de talent, notre baptême nous pousse vers le haut pour que nous soyons les premiers de cordée. Nous disparaîtrons au regard de ceux qui seront restés dans la plaine, mais ceux qui nous suivront verront le sommet de toute vie faite de foi, d’espérance et d’amour : la vie dans l’esprit !
Implorons l’Esprit Saint de venir sur nous pour nous aider à trouver les réponses innovantes dont notre monde a tant besoin ! Libérons en nous l’espace nécessaire à une vision renouvelée de Dieu et du monde ! Que cette fête de l’Ascension soit pour nous invitation à approfondir ce mystère : Jésus, invisible à nos yeux, fait sa demeure en nous. C’est en nous, êtres humains, rendus libres par le baptême, capables de poser des choix, qu’Il est vivant aujourd’hui, vivant en chacun de nous et dans le corps mystique de l’Église. Si tout pouvoir a été donné au Fils, « au ciel et sur la terre », il a plu à Dieu d’avoir besoin de nous, membres du Corps dont il est la tête. Ne nous dérobons pas à ce qui est attendu de nous ici-bas pour avoir part à la « gloire sans prix de l’héritage » promis.
Mgr Georges Colomb, directeur national des OPM