En chemin vers Pâques avec les Veilleurs missionnaires

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur
Depuis 5 semaines, nous vivions le temps de carême, le temps fort, auquel nous sommes appelés à monter à Jérusalem avec le Christ, pour crucifier avec lui notre vieil homme, afin de ressusciter avec lui pour une vie nouvelle.
Comme exercices spirituels, nous étions appelés à marcher sur un trépied qui est :
- l’aumône (pour soigner notre relation avec le prochain par les œuvres de la charité),
- la prière pour nouer une vie d’intimité avec Dieu
- et le jeûne (pour discipliner notre propre corps), à travers les lectures de la Parole de Dieu qui nous appelaient à la conversion.
La célébration des Rameaux nous plonge dans la Semaine Sainte, où nous vivrons le temps fort de la Passion, de la mort et de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ. Malgré des événements aussi contrastés, la gloire et les humiliations, la célébration des Rameaux n’a d’autre intention que de nous présenter la figure de Jésus, dans son aspect de « Roi messianique » et, en même temps, de « Serviteur souffrant ». Mais cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem conduit à sa Passion, pour aboutir à la Résurrection. Ce sont les deux pôles du mystère pascal : la souffrance et la gloire. Le chemin de la croix est déjà éclairé par la lumière de la Résurrection.
D’autre part, nous vivons la versatilité de la part de cette même foule qui, à peine chantait « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur… Et aussitôt, se retourne contre lui pour demander à Pilate de le crucifier, en criant « crucifie-le! Crucifie-le! ». En effet, le chemin de la croit c’est le chemin de tout disciple du Christ. Toute vie qui se veut chrétienne, ne pourrait espérer échapper au chemin que le Christ a suivi. On ne peut trouver un sens à quelque souffrance que ce soit sans l’unir à celle du Christ. Le chemin de croix devient pour nous la route du bonheur. En nous y précédant, Jésus l’a déblayé, pour qu’il devienne le chemin qui conduit à la rencontre d’amour pour lequel rien n’est pénible.
Que celui qui est acclamé ou apprécié aujourd’hui ne s’étonne pas si demain il se retrouve abandonner ou détester de tous. De même, celui qui vit dans les honneurs ou dans l’opulence se prépare au dépouillement et à l’humiliation. Ce qui nous interpelle dans l’attitude de Jésus c’est son espérance qui ne faiblie pas (cf 1ère lecture). C’est son amour pour le salut l’humanité qui motive sa détermination. La souffrance sans cause est absurde. Mais elle prend sens si elle est acceptée pour un plus grand bonheur. La souffrance du Christ c’est le grand prix qu’il paie pour nous racheter. Ne regardons pas la passion du Christ avec les yeux charnels, mais avec les yeux spirituels. Et cela nous encouragera à endurer les épreuves de la vie liées à notre foi pour un plus grand bonheur à venir.
La semaine sainte
Nous ne pouvons donc pas identifier la Pâques uniquement au dimanche de la Résurrection. Ce serait mutiler une réalité extrêmement riche et en réduire les dimensions. Le plan divin du Salut en Christ ne peut être fragmenté, mais doit être considéré comme un tout unique.
On comprend donc l’importance de la Semaine Sainte, surtout de Triduum pascal, tant dans la liturgie que dans la vie de l’Église. Toutes les autres solennités en dérivent et ne sont que des reflets, des échos de cet événement salvifique, de sorte que le culte chrétien est le culte pascal. La vie de l’Église a en elle son centre de convergence et de rayonnement, puisque le Mystère chrétien culmine et se résume dans le Mystère pascal, qui accomplit l’Histoire du salut et la Mission d’Israël, tout en inaugurant, avec les temps messianiques, l’existence historique de l’Église. Le Triduum pascal, par lequel s’applique aux hommes l’efficacité pérenne du Mystère de la Rédemption, doit être vécu pleinement. Durant ces trois jours, unis au Sauveur, suivons son chemin, en devenant un avec Lui dans sa Passion et sa Mort, afin que nous soyons un avec Lui dans la Résurrection.
Messe chrismale (Mardi ou jeudi Saint)
Toute l’efficacité des sacrements découle du sacrifice du Christ qui se renouvelle et se continue par l’Eucharistie. C’est pourquoi l’Église consacre le Saint Chrême pour les onctions du Baptême et de la Confirmation et bénit les Huiles traditionnellement appelées huiles des catéchumènes et des malades, dans la Messe célébrée par l’Évêque, dans l’église cathédrale, le matin du Jeudi Saint.
Il s’agit d’un rite propre à l’Évêque, en tant que successeur des Apôtres et premier serviteur de l’Église locale, autour duquel se rassemblent les prêtres des différents lieux et ministères du diocèse pour célébrer l’Eucharistie avec lui, dans une démonstration d’unité ecclésiale.
Par les Saintes Huiles, bénies par lui lors de cette Messe chrismale et portées par les prêtres dans toutes les paroisses, l’Évêque, fondement de l’unité de son diocèse, sera présent aux baptêmes, aux confirmations et à l’onction des malades.
Unis dans l’unique sacerdoce de Jésus-Christ, l’évêque et les prêtres sont cependant de simples instruments, serviteurs du mystère. L’Esprit de Jésus, l’Esprit Saint, agit dans l’Église à travers eux, comme le souligne toute la liturgie de la Messe chrismale.
En renouvelant leur engagement au service de la communauté des croyants lors de la messe chrismale, les prêtres réaffirment leur désir d’être fidèles à l’Esprit Saint qu’ils ont reçu par l’imposition des mains.
Messe de la Cène du Seigneur (lavement des pieds)
Après un rite évocateur des grandes interventions salvifiques de Dieu, les Apôtres célébrèrent la Cène pascale, sans pressentir que la nouvelle Pâques était arrivée.
Cette Cène sera cependant la dernière, car Jésus, en prenant ce repas rituel symbolique, lui donne un sens nouveau, avec l’institution de l’Eucharistie.
Puisque l’Eucharistie est le chef-d’œuvre de l’amour de Jésus, la preuve suprême de son amour, nous comprenons maintenant pourquoi il a choisi la Dernière Cène pour faire la proclamation solennelle de son commandement, que nous nous aimions les uns les autres, le commandement nouveau, qui résume toute la loi.
Par son geste, qui constitue l’un des moments importants de la Cène pascale, Jésus nous montre concrètement sa réalité de serviteur, c’est-à-dire son humiliation, qui a atteint son extrême limite sur la Croix. Elle nous rappelle, au moment de son passage vers le Père, où réside l’essence de sa doctrine. Il ordonne à ses disciples, comme lui et avec lui, d’être au service, humble, généreux et efficace de leurs frères.
Vendredi Saint
C’est l’unique jour où l’Eucharistie n’est pas célébrée, car le corps du Seigneur repose au tombeau. Cependant, un rite commémoratif spécial lui est dédié, qui a normalement lieu au moment où le Sauveur a expiré sur le Calvaire.
Cette célébration comprend trois parties bien distinctes :
- la liturgie de la Parole,
- l’Adoration de la Croix
- la Communion eucharistique.
1°) La liturgie commence donc par nous introduire, à travers Isaïe, saint Paul et saint Jean, au mystère de la souffrance et de la mort de Jésus. Elle se conclura par une prière solennelle, qui englobe toute l’humanité, pour laquelle le Christ est mort, une prière véritablement missionnaire.
2°) La Croix, signe de l’Amour universel de Dieu. Symbole de notre sauvetage, il domine la deuxième partie de la célébration. Portée en procession jusqu’à l’autel, la croix est présentée à la vénération de toute l’humanité pécheresse, représentée par l’assemblée chrétienne. Nous y adorons Jésus-Christ, celui qui a été suspendu à la Croix. C’est aussi à Lui que nous exprimons notre gratitude lorsque nous embrassons l’instrument de notre réconciliation. C’est à Lui que nous demandons, en ce moment, la force de porter notre croix : en portant la mort pour nous tous, Il nous enseigne, par son exemple, que nous devons aussi porter la croix que la chair et le monde font peser sur les épaules de ceux qui cherchent la paix et la justice.
3°) L’Eucharistie n’a pas été célébrée aujourd’hui. Mais, par la communion au Pain qui donne la Vie, consacré le Jeudi Saint, nous sommes baptisés dans le Sang de Jésus, nous sommes immergés dans sa mort. Ainsi unis à la source même de la vie surnaturelle, nous sommes remplis de force pour passer de la mort du péché à la joie de la résurrection. Par le Corps sacramentel du Seigneur crucifié et ressuscité, nous sommes aussi davantage unis à son Corps mystique, c’est-à-dire au Christ qui souffre et meurt dans ses membres. Comme le Seigneur Jésus, nous devons aussi donner notre vie pour nos frères (1 Jean 3:16).
Samedi Saint
Liturgie baptismale
Par le baptême, l’homme meurt dans le Christ, pour ressusciter en lui à la vie de la grâce (Rom 6, 8). Des eaux du Baptême, comme du sein d’une mère, naît et s’édifie le nouveau Peuple de Dieu. C’est donc le Baptême qui domine cette partie de la Vigile. L’eau baptismale est bénie, comme pour signifier que toute son efficacité dérive du mystère pascal. Et les catéchumènes, dont la préparation s’est conclue une fois par les rencontres du Carême, sont plongés dans la Mort du Christ, pour renaître spirituellement. D’autre part, toute la communauté doit s’unir à ceux qui sont baptisés cette nuit et donner avec eux son adhésion personnelle au Christ ressuscité, en renouvelant les promesses de leur baptême.
***
Parcours de Carême
Nous sommes au début du Carême, un temps spécial et fort qui nous conduit à la conversion et au renouveau, à la prière et à la pénitence pour nous préparer aux événements centraux de notre foi ; Passion, mort et résurrection de Jésus. A chaque temps fort du Carême 2025, retrouvez une méditation pour vous accompagner dans votre prière de Veilleur missionnaire.
Le Carême : 40 jours pour la conversion du cœur !
Par le Père Richard Ngweli, de la Société des Prêtres missionnaires de Saint-Jacques en mission auprès des OPM
Le Carême dérive du nombre 40, qui signifie la durée d’une génération, d’une époque de la vie. Dans l’Ancien Testament, il rappelle les quarante années passées par les Hébreux dans le désert avant l’entrée en Terre Promise ; au prophète Élie qui marcha 40 jours et 40 nuits jusqu’au mont Oreb ; 40 jours de déluge pour purifier l’humanité corrompue ; 40 jours de Moïse au Mont Sinaï pour recevoir les dix commandements…
Tandis que dans le Nouveau Testament, le Carême rappelle les 40 jours que Jésus a passés au désert après son baptême par Jean. Jésus s’est préparé avant de commencer sa mission, par la retraite, le jeûne et la prière. Et pendant tout ce temps, il a été tenté par le diable qui voulait le faire changer d’avis, le détourner de sa mission. Jésus a voulu se rendre semblable à nous en tout, sauf le péché, mais il a aussi voulu expérimenter les tentations auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement et nous montrer les pratiques spirituelles efficaces pour les surmonter et les vaincre. La vie est une lutte incessante et l’ennemi qui nous tente est plus fort que nous. Seuls nous ne pouvons rien. Il faut se laisser guider par l’Esprit. Jésus est allé dans le désert « poussé par le Saint-Esprit ». C’est dans l’Esprit qu’il a trouvé la force de surmonter ces épreuves et tentations.
Conscients de l’importance de la Pâques dans notre foi, les chrétiens ont commencé, depuis le temps apostolique, à consacrer une période de 40 jours pour mieux la préparer. C’est une période qui va de mercredi des cendres au vendredi saint. Aidés par l’Esprit, nous marcherons quarante jours dans le désert des exercices spirituels pour avoir faim et soif de la parole de Dieu et de sa présence. C’est le moment de déchirer le cœur et non les vêtements, pour implorer la miséricorde de Dieu (Cf. prophète Joël). C’est le moment propice pour se réconcilier avec Dieu et nos frères et sœurs et de pratiquer la charité, le jeûne et la prière, dans le secret du cœur et de Dieu, sans chercher à attirer le regard des hommes.
C’est le temps propice pour les catéchumènes de se préparer à recevoir le baptême dans la nuit de Pâques. Ce qui signifie « mourir avec le Christ dans le péché et ressusciter avec lui en Esprit ». Et pour tous les chrétiens, ils doivent renouveler leur baptême, pour grandir dans la foi et participer plus profondément dans le mystère pascal de la mort et résurrection du Christ. Ainsi, le carême a une dimension pénitentielle et baptismale.
6 avril – 5e dimanche de Carême
L’homme de notre temps est possédé par le désir de vivre ; Il est dominé par le désir de saisir la vie à deux mains et d’en extraire tout le jus.
En comptant, à chaque instant, nous nous rendons compte que la vie qui nous a été donnée nous échappe, malgré tous nos efforts et tous les progrès de la science et de la technologie.
Qu’on le veuille ou non, la vie, dès le début, est marquée par la mort et les échecs successifs qui la préparent.
En vérité, le chrétien sait qu’avec la foi et le baptême, il est devenu partie d’une nouvelle famille, d’une nouvelle humanité, dans laquelle il forme un seul être avec le Christ, si intimement et profondément uni à Lui que tout ce qui s’est accompli dans le Sauveur s’accomplira aussi en lui. Et de même que la mort du Christ a été suivie de sa résurrection, de même le baptême sera suivi de la résurrection !
Ainsi, celui qui croit au Christ sait que la vie matérielle disparaîtra un jour, mais ce sera pour laisser la place à une vie supérieure, de même que l’enfance meurt pour laisser la place à l’adolescence et celle-ci disparaît, à son tour, pour laisser la place à l’homme adulte.
Cette certitude réconfortante doit transformer nos vies et nous conduire à surmonter, dans l’espérance, les épreuves et les contradictions du temps présent.
1ère lecture : Is 43, 16-21 : En entrant dans la terre promise, le peuple de Dieu célèbre la Pâque.
Face aux maux de notre temps, il est facile de tomber dans le pessimisme. Mais le chrétien ne peut pas perdre espoir. Il sait que Dieu n’abandonne jamais l’homme, tout comme Il n’a pas abandonné le peuple d’Israël à Babylone. Dieu est présent dans l’histoire et continue, aujourd’hui, à réaliser son œuvre de salut dans l’Église et dans le monde.
Attentif aux signes du peuple, le chrétien garde son cœur ouvert à l’action de Dieu, dans la fidélité au Seigneur et à l’Église, en unissant dans la foi le passé au présent, dans l’attente de l’œuvre nouvelle que Dieu accomplira : notre libération finale.
2e lecture : Phil 3, 8-14 : Pour l’amour du Christ, j’ai considéré toutes choses comme une perte, me conformant à sa mort.
L’acquisition de la connaissance du Christ Jésus devrait être l’idéal de la vie chrétienne. Il ne s’agit cependant pas seulement d’une connaissance intellectuelle. Connaître le Christ, pour saint Paul, c’est entrer en relation pascale avec lui, c’est établir une union vitale avec Celui qui est passé de la mort à la vie et nous rend capables de passer, à notre tour, de la mort du péché à la vie de la grâce, par sa même puissance de ressuscité, qu’il nous communique.
Dans cette connaissance réside le salut. C’est donc la seule véritable valeur spirituelle, devant laquelle tout doit être sacrifié comme des ordures.
Evangile : Jn 8, 1-11 : Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre.
Le péché est une réalité douloureuse dans le monde. C’est un trouble qui alerte profondément les plans de Dieu et nous blesse dans la partie la plus intime de notre être, avec des répercussions dans la vie de nos frères.
Jésus dénonce le péché, où qu’il se trouve ; par sa vie et sa mort en expiation des péchés, il rend très clair le mal du péché. Mais face au péché, son attitude n’est pas celle de la condamnation, mais celle du salut. Jésus, l’Homme nouveau, le Libérateur et le Messie, est venu libérer l’homme du péché de notre nation de pécheurs et faire de lui son peuple : la Sainte Église.
30 mars – 4e dimanche de Carême
La vie nouvelle, issue du mystère pascal, est communiquée par le baptême à tous ceux qui, acceptant Jésus comme le Messie, envoyé et Fils de Dieu, acceptent aussi d’être sauvés par Lui. En effet, Jésus-Christ, qui a été chargé d’établir la manière dont le salut devait s’accomplir, a voulu que l’eau baptismale, en vertu de son sang rédempteur, lave les péchés et fasse renaître les hommes à la vie d’enfants de Dieu, en envoyant ses apôtres offrir aux hommes le don du baptême. Le baptême est donc notre seconde naissance au sein de la famille de Dieu, l’Église.
Plongés dans les liens du péché, à travers l’eau baptismale qui, avec son profond symbolisme, nous rappelle d’autres merveilles de l’histoire du salut, comme la traversée de la mer Rouge, nous passons véritablement des ténèbres de la mort à la lumière de la vie surnaturelle.
En nous insérant dans le Christ crucifié et glorifié, le baptême nous rend, en effet, participants de sa mort et de sa résurrection et nous introduit dans son existence ressuscitée.
Nous commençons ainsi à vivre comme enfants de Dieu, remplis d’une vie nouvelle, une vie marquée de manière indélébile par l’Esprit Saint.
1ère lecture : Jos 5, 9-12 : Entrée dans la terre promise, le peuple de Dieu célèbre la Pâque
En entrant dans leur nouvelle terre, après la libération d’Égypte et les 40 années de dure errance dans le désert, le premier acte du peuple de Dieu est de célébrer la Pâque. Par ce rite, le peuple de Dieu commémorait la première Pâque en Égypte ; Il exprima au Seigneur sa gratitude pour toutes les merveilles accomplies en sa faveur : il fit une promesse de fidélité, au début d’une phase très importante de l’histoire du salut.
La Pâque que nous allons célébrer est le mémorial d’une libération plus grande que celle des Hébreux. Préparons-la par le sacrement pascal de la Pénitence, sacrement de notre réconciliation avec Dieu.
2e lecture : 2 Cor 5, 17-21 : Par Jésus, Dieu nous a réconciliés avec Lui.
Evangile : Lc 15, 1-3 ; 11-32 : Votre frère était mort, il est revenu à la vie
23 mars – 3e dimanche de Carême
Dans les traditions tant religieuses que poétiques de tous les peuples, notamment orientaux, l’eau est considérée comme un symbole de vie. Mais cet élément naturel, donné à l’homme et non fruit de son travail, ne symbolise pas seulement le miracle toujours renouvelé de la vie matérielle. En effet, dans le Nouveau Testament, l’eau exprime symboliquement le salut, la vie surnaturelle, la participation à la vie divine elle-même, à laquelle Dieu a décidé d’élever les hommes, qu’il n’a pas abandonnés une fois tombés en Adam.
Cette eau jaillira du Christ Rédempteur, Rocher vivant (1 Co 10, 4), à l’heure de sa mort-glorification. Il est le moyen que Dieu utilise pour mettre la vie de l’homme en communion avec sa propre vie. Il est la source d’eau vive (Jean 7:37-38).L’Église nous révélera les merveilles merveilleuses de cette vie, qui commence au moment où l’homme s’unit au Christ par la foi et se greffe en lui par le baptême. Vie mystérieuse, de par son immatérialité et sa dimension transcendante, mais vie réelle, la seule qui puisse pleinement satisfaire toute la soif de vérité, d’amour, de justice et de liberté qui tourmente le cœur de l’homme.
1ère lecture : Ex. 3, 1…15 : Celui qui s’appelle « Je Suis » m’a envoyé à vous.
Dieu s’est révélé à Moïse dans toute sa grandeur et sa transcendance, mais en même temps, il s’est aussi montré très proche de l’homme. Si proche qu’il est attentif à leurs problèmes et sensible à leurs difficultés, surtout celles des plus pauvres et des plus démunis. C’est pourquoi il intervient dans l’histoire des hommes et prend l’initiative de les sauver.
En appelant Moïse, en l’envoyant parmi son peuple, afin de le libérer d’une situation désespérée, Dieu montre clairement qu’il est Celui qui est, qui ne dort pas, ni n’oublie ses promesses, mais est toujours parmi son peuple.
2e lecture : 1 Co. 10, 1-12 : La vie du peuple avec Moïse au désert était pour nous servir d’exemple
L’œuvre accomplie par Dieu pour accomplir ses desseins, tels qu’ils ont été révélés à Moïse au Sinaï, était admirable. Cependant, malgré tant de merveilles et de bienfaits, beaucoup de ceux qui furent libérés de l’esclavage ne savaient pas comment réagir. Au milieu de l’épreuve, ils cessent de voir Moïse comme le messager de Dieu. Remplis de bienfaits, ils sont infidèles au Seigneur et sont exclus du salut. L’expérience de l’exode est, selon saint Paul, un avertissement pour le nouveau peuple de Dieu. Le salut offert par Dieu, dans le baptême qui nous introduit dans une communauté de salut, n’agit pas automatiquement. Les sacrements, signes de salut qui nous lient au Christ ressuscité, ne sont pas des signes magiques qui sauvent sans notre libre collaboration.
Evangile : Lc 13, 1-9 : Si vous ne vous repentez pas, vous mourrez de la même manière. Contrairement à une opinion commune parmi ses contemporains, Jésus affirme que, dans la vie présente, il n’y a pas de relation directe entre le péché et le malheur. Les calamités et les malheurs, étant des signes et des conséquences de notre état de péché, ne peuvent cependant pas être interprétés comme une punition. Mais elles ne cessent de constituer un appel de Dieu à changer notre vie, à une conversion permanente. Un appel que nous devons tous accepter, car nous ne sommes pas meilleurs que ceux qui souffrent. Nous sommes tous pécheurs, nous avons tous besoin de revenir à Christ, car le salut n’est qu’en Lui. Il ne nous servira à rien d’appartenir au PEUPLE de Dieu si nous ne portons pas de fruits de pénitence.
16 mars – 2e dimanche de Carême
Bien que l’homme ait oublié sa destinée surnaturelle, qui consistait à être l’ami de Dieu, Dieu ne détruit pas son plan pour l’homme. En prenant l’initiative du dialogue, Dieu vient à lui, se révèle à lui et désire établir avec lui des relations personnelles d’amitié, devenir son allié. L’alliance conclue avec Abraham et toutes celles qui suivirent au cours des siècles sont une préparation à l’alliance définitive, mais elles sont aussi l’expression du désir de Dieu d’entrer en communication avec l’homme.
A cette épreuve de confiance donnée par Dieu, l’homme ne peut donner que la réponse qu’Abraham a donnée : accepter la parole de Dieu, quitter sa patrie, son être charnel, se mettre en voyage, en courant le risque de la foi.
Cette disponibilité n’élimine pas les dangers et les difficultés qui jalonnent le chemin. Cependant, l’obéissance à Dieu, même lorsqu’elle semble contraire à toute logique, apporte avec elle le salut, par la puissance même de l’amour avec lequel elle est vécue. Notre chemin de douleur nous conduira toujours à notre transfiguration dans le Christ, qui, dans sa fidélité au Père, a donné sa vie pour nous.
1ère lecture : Gen 15, 5…18 : Dieu établit son alliance avec Abraham
Dans son dessein de se rapprocher de l’homme, Dieu établit des relations personnelles avec Abraham et, prenant comme signe une institution humaine, conclut avec lui une alliance par laquelle il confirma les promesses faites.
L’initiative appartenait à Dieu et l’alliance était formulée par lui en des termes tels qu’elle semblait la lier uniquement à lui. Mais Abraham a aussi eu sa part. En acceptant la Parole de Dieu, en croyant en sa fidélité, en ses plans, en ses promesses, vous devenez lié à l’alliance. Marchant parfois dans les ténèbres de la foi, il n’a jamais cessé d’y être fidèle. Dans le dialogue Dieu-homme, Abraham a toujours su donner une réponse humble, confiante et généreuse.
2e lecture : Philip 3, 17, 4, 3 : Le Christ nous transforme à l’image de son Corps glorieux
En accomplissant sa destinée terrestre, le chrétien a déjà garanti, en Jésus-Christ, le droit à la citoyenneté du Ciel. Le baptême l’a configuré non seulement à la mort, mais aussi à la résurrection du Seigneur.
Vivre sur terre en tant que citoyen du Ciel ne signifie cependant pas tourner le dos à la terre. La foi n’est pas une échappatoire à la vie. C’est pourquoi le chrétien, conscient de sa destinée éternelle, travaille à construire un monde meilleur, aide ses frères à atteindre de meilleures conditions pour vivre en hommes et en enfants de Dieu, certains de la récompense.
Evangile : Lc 20, 28-36 : Tandis qu’il priait, l’apparence de son visage changea.
Nous vivons désormais à l’époque de la foi. Cependant, même si l’action et la présence de Dieu ne peuvent être perçues par les sens, nous ne sommes pas laissés à nos propres moyens. Sur notre chemin vers la vraie vie, le Seigneur Jésus ne cesse de nous parler. Au service de sa parole, il a même mis le magistère vivant de son Église.
Si nous ne voulons pas nous perdre sur le chemin du but, indiqué par sa transfiguration, nous devons suivre l’ordre du Père : l’écouter.
9 mars – 1er dimanche de Carême
L’histoire de l’humanité, depuis ses origines, a été marquée par le péché. Et notre propre vie n’est rien d’autre qu’une confrontation permanente avec les puissances du mal. Nous sommes au centre du combat et à chaque instant, nous devons décider entre le péché et la grâce, le mal et le bien, Satan et Dieu. Mais après que le Christ est venu et a triomphé pour nous dans cette bataille fondamentale, nous sommes certains que nous triompherons aussi dans la lutte quotidienne contre le mal. Si nous adhérons à lui, nous pourrons connaître avec lui la lumière de la résurrection.
Le Carême doit nous conduire à renouveler notre foi au Dieu du Salut, qui a envoyé Jésus-Christ pour restaurer le plan d’amour et de bonheur, détruit par Adam.
Le Carême nous offre l’occasion de nous tourner vers Dieu de tout notre être et d’expérimenter les profondeurs de la miséricorde et de l’amour de Dieu.
1ère lecture : Deut. 26, 4-10 : profession de foi du peuple élu.
Par l’offrande des prémices de la terre, le Peuple Élu reconnaît que tout vient de Dieu : la terre qu’il cultive, ainsi que l’énergie pour la cultiver. Par ce geste, l’homme a surmonté la tentation de s’enfermer dans le monde matériel, affirmant la primauté du spirituel : « l’homme ne vit pas seulement de pain ».
Mais ce geste a une dimension religieuse plus profonde. En effet, l’offrande de prix à Dieu, par l’intermédiaire du prêtre, était accompagnée d’une authentique profession de foi, dans laquelle étaient récapitulés les événements les plus importants de l’histoire du salut.
2e lecture : Rom 10, 8-13 : profession de foi de ceux qui croient en Christ.
La foi du peuple élu était fondée sur des faits concrets, à travers lesquels Dieu manifestait son amour et sa fidélité. La foi chrétienne consiste en l’adhésion à une personne. Jésus-Christ, ressuscité et donc Seigneur. En effet, toutes les merveilleuses interventions salvifiques de Dieu ont leur point culminant dans le mystère pascal du Christ. De cette façon, la foi c’est croire en quelqu’un et non en quelque chose, c’est-à-dire ouvrir un crédit qui me rend disponible à Celui en qui je crois.
Seule cette foi au Christ ressuscité, annoncée avec joie et vécue jusqu’aux dernières conséquences, nous donne le salut.
Evangile : Lc 4, 1-13 : Jésus était au désert, conduit par l’Esprit et fut tenté.
La tentation dans le désert n’était pas un événement isolé. Ce fut le début d’une lutte contre le prince de ce monde, qui durerait toute sa vie, atteignant son point culminant avec sa mort à Jérusalem. Comme Jésus, la vie du chrétien connaît aussi l’épreuve de la tentation. Le baptême, qui fait de nous des enfants de Dieu, ne nous introduit pas dans un état de sécurité. C’est plutôt le début d’un chemin difficile, au cours duquel notre fidélité à Dieu est souvent mise à l’épreuve.
Mais en toute circonstance, le chrétien peut être invincible. Le Christ ressuscité, qui a définitivement vaincu le mal, est resté dans l’Eucharistie pour nous communiquer cette puissance.
Prochain rendez-vous des veilleurs missionnaires : dimanche 16 mars pour les méditations du 2e dimanche de Carême.
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Mercredi des Cendres
La bénédiction et l’imposition des cendres est une pratique pénitentielle très ancienne. Dans les premiers siècles de l’Église, les chrétiens qui avaient porté préjudice à la communauté chrétienne par des scandales publics les expiaient pendant le Carême. Au début de ce temps liturgique, ils recevaient les auspices sur la tête, en signe d’humilité, puis ils étaient accompagnés jusqu’à la porte de l’église. Jusqu’au Jeudi Saint, ils ne participaient pas aux assemblées communautaires, mais restaient dans l’atrium en signe de pénitence.
L’Église, cependant, à travers la cérémonie symbolique de l’imposition des cendres, veut que nous reconnaissions notre condition de pécheurs et que nous soyons prêts à prescrire, avec humilité, la mort temporelle, comme conséquence du péché.
Il veut aussi que nous nous engagions à lutter contre le péché pendant le Carême, en faisant confiance à la miséricorde illimitée de Dieu, qui ne désire pas la mort du pécheur.
Avec l’appel à la conversion, exprimé dans la cérémonie de l’imposition des cendres, l’Église nous invite également au jeûne. En renonçant à une partie importante de sa nourriture, le chrétien montre sa volonté de suivre le Seigneur et de l’aimer par-dessus toutes choses matérielles et exprime sa solidarité avec tant de personnes privées de nourriture, de moyens économiques, de biens culturels et de possibilité de progrès. Temps de conversion, la préparation à Pâques doit se transformer en un « Carême de fraternité ».
1ère lecture : Joel 2, 12-18 : Déchirez vos cœurs et non vos vêtements.
Le prophète Joël nous invite à rétablir notre relation avec Dieu, fondement de notre existence. Brisés par le péché, c’est par la pénitence que nous les rétablirons : par la pénitence personnelle, mais aussi par la pénitence communautaire, puisque le péché a des répercussions sociales.
A ceux qui acceptent ce retour à Dieu, à ceux qui se convertissent, Dieu, toujours fidèle à son Alliance et toujours prêt à pardonner, promet l’abondance de ses dons : le Pain et le vin eucharistiques et l’huile consacrée du Jeudi Saint.
2e lecture : 2 Co 5, 20-6, 2 : Réconciliez-vous avec Dieu… C’est le moment favorable
Dieu nous a montré, de manière concrète, son amour, en nous envoyant son Fils, qui a pris sur lui les conséquences de nos péchés, ouvrant ainsi la voie à la réconciliation des hommes avec Dieu. Mais, parce que cette œuvre de salut devait atteindre les hommes de tous les temps, le Seigneur Jésus envoya, à son tour, les Apôtres, les chargeant de nous offrir la grâce de Dieu. Ce temps de Carême est un temps privilégié pour répondre à la Parole de Dieu qui nous interpelle.
Evangile : Mt 6, 1-6.16-18 : Ton Père qui voit dans le secret, te donnera en récompense.
La véritable conversion se traduit par un changement profond de l’âme. Mais elle doit aussi s’exprimer extérieurement, par des actions qui manifestent notre volonté sincère d’adhérer à la volonté paternelle de Dieu, manifestée dans ses commandements. Le jeûne, la pratique de la charité, la prière, vécus dans la joie, sans oppression, dans la simplicité des enfants qui se savent sous le regard amoureux du Père, sont des moyens concrets pour exprimer notre volonté de renoncer à tout engagement dans le mal et notre intention de rejoindre l’Église, en parfaite communion de vie et de responsabilités avec nos frères.